Quelle justice ?



« Car, je vous le dis, si votre justice ne surpasse celle des scribes et des pharisiens, vous n’entrerez point dans le royaume des cieux. » (Mat. 5. 20.)

A quelle justice le Christ fait-il allusion dans cette phrase ? S’agit-il de pratiquer la loi encore plus méticuleusement que les scribes et les pharisiens, comme certains le prétendent en ce moment sur le net, ou bien le Fils de Dieu voulait-il nous parler d’autre chose de plus grand et de plus profond ?

La réponse peut s’articuler en deux déclinaisons.

Premièrement, la suite de ce texte nous donne une définition bien précise de ce qu’est cette « justice » dont nous parle le Seigneur. En effet, chez les juifs de l’époque, les « actes justes » touchaient trois domaines d'activités de la vie d’un croyant :

- L’aumône (le don).

- La prière (la relation).

- Le jeûne (la privation).


Et c’est donc en prenant comme contre-exemple la manière de faire des « pratiquants de la loi » dans ces trois domaines que le Christ va nous emmener plus loin pour passer à un niveau supérieur (voir Mat. 6.1 à 18.) :

« Gardez-vous de pratiquer votre justice devant les hommes, pour en être vus; autrement, vous n’aurez point de récompense auprès de votre Père qui est dans les cieux. » (Mat. 6. 1.)

Première leçon : la justice que Dieu veut nous voir pratiquer et qu’Il considère comme supérieure à celle des religieux, ne consiste pas dans des actes publics et affichés, mais dans une relation de vérité avec le Père. Une relation qui se vit sans témoins, « en secret », car Il est présent là où il n’y a aucun témoin et Il répondra à ceux qui lui font confiance et qui ne cherchent pas à « être vus des hommes ».

La deuxième leçon concerne la différence que le Seigneur fait entre les actes collectifs et les actes individuels. Il parle du mauvais exemple en désignant des attitudes collectives : « LES hypocrites font »… « LES païens font », et il y oppose une attitude personnelle et individuelle : « mais quand TU fais l’aumône »... « quand TU pries »… « quand TU jeûnes », pour bien marquer que ce n’est pas en suivant le troupeau de ceux qui veulent se faire apprécier des autres que notre justice surpassera celle des scribes et des pharisiens.

Tout son enseignement dans ce chapitre nous montre que la loi de Christ va beaucoup plus profond et beaucoup plus loin que celle que pratiquaient les fondamentalistes de l’époque. Et pour bien en comprendre le sens, je voudrais rappeler ici que le mot « LOI » (en hébreu « Torah ») vient d'une racine qui signifie « viser dans une direction précise ».

La LOI de Dieu vise donc un but, un objectif précis. Et quand cet objectif est atteint, tout le travail de la visée est accompli.
« Tout est accompli » (Jean 19. 30.)

Quel est donc le but de la LOI de Moïse ? Quel est son objectif ? L’apôtre Paul nous le dit de façon indiscutable :

« Pourquoi donc la loi? Elle a été donnée ensuite à cause des transgressions, jusqu’à ce que vînt la postérité à qui la promesse avait été faite; elle a été promulguée par des angesAinsi la loi a été comme un pédagogue pour nous conduire à Christ, afin que nous soyons justifiés par la foi. » (Gal. 3. 19 et 24.)

Nous voyons donc que le but de la Loi de Moïse (« promulguée par des anges au moyen d'un médiateur ») était de nous conduire à Christ. Le but étant atteint, elle n’a plus la même utilité :

« La foi étant venue, nous ne sommes plus sous ce pédagogue. » (verset 25.)

Si nous avons cru, nous avons en effet bien mieux à faire qu’à retourner à « ces faibles et pauvres rudiments » (Gal. 4. 9.). Nous avons à vivre par la foi au Fils de Dieu en ayant en nous les sentiments qui l’animaient (Phil. 2. 5 à 11.).


Ce qui nous amène à la deuxième déclinaison :

Notre « justice » pour surpasser celle des religieux doit forcément provenir d’une source différente et supérieure. Elle ne peut pas venir de la loi de Moïse, car les religieux nous ont fait la démonstration au travers des siècles que la connaissance et la pratique de la loi ne permettent pas d’accomplir une justice que Dieu agrée. Même David qui chantera les merveilles de cette loi, va faire l’amère expérience qu’elle ne l’empêchera pas de tomber dans un péché volontaire que la loi condamne sans échappatoire. C’est dans ces circonstances, au travers des paroles inspirées de Nathan le prophète, que David va découvrir que la grâce de Dieu est infiniment supérieure à la loi de Moïse, quand il dira :

« Tu ne prends pas plaisir aux sacrifices, sans quoi je t’en aurais offert; -tu ne recherches pas l’holocauste; Le sacrifice selon Dieu, c’est un esprit brisé; -le cœur contrit et brisé, ô Dieu, tu ne le méprises jamais! » (Ps. 51. 16-17.)

Ce jour là, David a reçu la révélation que la loi de Moïse ne répondait pas aux besoins profonds de l’âme pécheresse et qu’il existait une autre voie, une Voie Royale, pour s’approcher de Dieu. Un chemin encore embrumé -car il ne serait dévoilé qu’en Christ- mais qui était pourtant efficace depuis le début de l’histoire humaine pour pardonner ce que la loi de Moïse ne pardonnait pas. C’est ce que diront les apôtres qui avaient compris la même chose et qui étaient chargés par le Christ de la proclamer :

« Sachez-le donc, mes frères, par lui (le Christ) la rémission des péchés vous est annoncée, et quiconque a la foi est justifié par Lui de tout ce dont la Loi de Moïse n’avait pu le justifier. » (Actes 13. 38-39.)

La voilà « la Justice supérieure » à laquelle le Christ nous appelle :

« Quiconque a la foi est justifié par Lui ».

C’est le Christ -et Lui Seul- qui « rend juste l’impie » (Rom. 4. 5.), c’est Sa Justice –et elle seule- qui « surpasse celle des scribes et de pharisiens » et c’est aussi Sa Justice seule qui nous permet d’entrer « dans le Règne de Dieu ».

Les actes de ceux qui « demeurent en Christ » ne seront alors que le fruit de la sève qui coule du vrai cep. Un sarment de cabernet-sauvignon n’a pas besoin de lire quelque part la description de son cépage et la couleur de ses grappes pour produire des fruits qui correspondent à sa nature, il lui suffit d’être fermement et constamment attachés à un cep qui lui donne sa sève. Le reste se fait automatiquement (Marc 4. 26-28.). Ce n’est pas que les livres qui décrivent ses caractéristiques en détails ne soient pas utiles, en particulier pour détecter les contrefaçons, mais nous devons bien reconnaître que ces textes ne le concernent pas personnellement dans sa vie de sarment attaché au Cep… (1 Tim. 1. 7 à 11.)

Il en est ainsi de quiconque est né de l’Esprit. Il n’a plus besoin de la loi pour lui indiquer ce que sa nouvelle nature doit faire en lui, car tant qu’il reste intimement attaché au vrai Cep, il portera de son fruit sans faire d’efforts, simplement parce que l’Esprit de Christ en lui donnera « la volonté et l’action » (Phil. 2. 13) et le mènera dans les œuvres bonnes que Dieu a préparé pour lui :

« Car vous êtes sauvés par la grâce, par la foi, et cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu; non pas sur le principe des oeuvres, afin que personne ne se glorifie; car nous sommes son ouvrage, ayant été créés dans le Christ Jésus pour les bonnes oeuvres que Dieu a préparées à l’avance, afin que nous marchions en elles. » (Eph. 2. 8 à 10.)

Les seules œuvres qui sont justes devant Dieu sont donc celles qui viennent de Lui au travers de la foi en son Fils Jésus Christ.
« Je regarde toutes choses comme une perte, à cause de l’excellence de la connaissance de Jésus-Christ mon Seigneur, pour lequel j’ai renoncé à tout, et je les regarde comme de la boue, afin de gagner Christ, et d’être trouvé en lui, non avec ma justice, celle qui vient de la loi, mais avec celle qui s’obtient par la foi en Christ, la justice qui vient de Dieu par la foi, Afin de connaître Christ, et la puissance de sa résurrection, et la communion de ses souffrances, en devenant conforme à lui dans sa mort, pour parvenir, si je puis, à la résurrection d’entre les morts. » (Phil. 3. 8 à 11.)
Ceux qui accomplissent cette justice ne devraient pas en tirer gloire puisqu’elle vient de Dieu et y retourne, afin que Lui Seul soit glorifié.

« C’est de Lui, par Lui, et pour Lui que sont toutes choses. A Lui la gloire dans tous les siècles! Amen! » (Rom. 11. 36.)

Jean-Luc

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