Iran : bilan de la tournée d'Andro, automne 2014
Bilan du séjour effectué en France par le pasteur Andronicus Sadegh-Khandjani à l’automne 2014
Après un premier
séjour effectué en France au printemps 2014, durant lequel il avait
pu prendre la parole à l’occasion de rencontres organisées dans
la région de Bourges, le pasteur Andronicus Sadegh-Khandjani, membre
du collège des responsables de l’Eglise d’Iran, a pu faire une
seconde tournée dans notre pays au cours de l’automne de cette
même année. Lors de ce dernier séjour, ses interventions se sont
déroulées dans la Drôme et l’Ardèche, puis, en fin de séjour,
en région parisienne.
Ayant été contraint
de s’exiler de son pays en 2006, décision prise en accord avec ses
collègues pasteurs iraniens, afin que l’un d’entre eux au moins
puisse garder la possibilité d’informer l’occident de la
situation très difficile vécue par les chrétiens iraniens, le
Pasteur Andronicus réside depuis quelques années en Bulgarie. C’est
depuis ce pays qu’il voyage régulièrement dans les pays
occidentaux, et notamment en Europe, dans le but d’apporter une
information de première main au sujet de ce que vivent réellement
les chrétiens de l’Eglise d’Iran. Les membres de ce groupe
d’églises se réunissent en petites communautés locales, dans des
maisons privées, n’ayant pas la possibilité de se rassembler dans
des salles dédiées à la pratique de leur foi. Ils sont exposés à
de multiples persécutions, car l’expression communautaire de leur
foi en Jésus-Christ, ainsi que le témoignage qu’ils en apportent
à leurs concitoyens, sont interdits par les autorités du pays, où
seule la religion musulmane est acceptée (les rares exceptions à
cette règle seront expliquées plus loin).
Notre frère
Andronicus assure en fait les fonctions de représentant de l’Eglise
d’Iran hors de ce pays, et c’est donc essentiellement par son
intermédiaire que sont diffusées les informations les plus précises
et objectives concernant ces chrétiens. La décision de son exil est
d’ailleurs intervenue au moment où une aggravation des
persécutions envers les chrétiens devenait imminente, et s’il
n’avait pas pu quitter le pays assez tôt, les informations fiables
concernant la réalité de la situation de l’Eglise d’Iran
seraient quasiment inexistantes dans nos pays occidentaux."
Accueillir Andro chez
nous, à l’occasion de son séjour drômois, a été pour mon
épouse et moi-même un grand privilège. L’ayant accompagné lors
de toutes les rencontres et conférences organisées dans notre
région, j’ai pu assister à l’ensemble de ces précieux moments
de témoignage, ainsi qu’aux échanges qui les ont accompagnés.
Les moments de partage chez nous, ainsi que les trajets en voiture,
ont également permis des discussions très intéressantes, qui ont
permis de préciser un certain nombre de points concernant des
aspects très concrets de la vie des chrétiens iraniens, et aussi
d’évoquer les grandes difficultés auxquelles ils sont confrontés.
Il m’est par conséquent possible de faire un résumé global des
diverses informations que j’ai pu recenser, résultant des
rencontres publiques autant que d’échanges plus personnels;
ce bref résumé constitue une introduction sommaire aux diverses
informations que vous trouverez plus loin, mais la lecture des divers
textes cités en annexe, ainsi que le visionnage et l’écoute des
enregistrements vidéo et audio qui ont pu être effectués lors de
certaines de ces rencontres, sont bien entendu absolument essentiels
pour mieux connaître et comprendre ce que vivent actuellement nos
frères et sœurs chrétiens de l’Eglise d’Iran.
Contexte
historique et sociopolitique de la situation religieuse en Iran
Un aspect important
des interventions de notre frère Andro ( c’est ainsi qu’il aime
à se faire appeler par ses amis chrétiens) a été la
rectification, étayée par sa connaissance très approfondie de
l’histoire du Moyen Orient, d’une idée inexacte, bien que
couramment admise dans nos pays occidentaux : le Moyen Orient,
selon cette vision faussée de la situation, serait une « terre
d’Islam », où il pourrait finalement sembler logique que
seule cette religion soit admise, ou tout au moins qu’elle y soit
reconnue comme tout naturellement dominante. Or, historiquement, la
foi chrétienne est enracinée dans les divers pays de cette région
du monde depuis les débuts du christianisme,
et y était démographiquement majoritaire
encore récemment ! Seule l’expansion violente de l’Islam,
par le moyen de pressions multiples, de contraintes coercitives et de
graves persécutions, a abouti, au cours des derniers siècles, à
une inversion du rapport numérique entre chrétiens et musulmans.
Des dénominations chrétiennes très anciennes existent d’ailleurs
toujours dans ces divers pays, et l’on en a malheureusement
beaucoup entendu parler récemment à l’occasion des évènements
dramatiques qui se déroulent en Irak et en Syrie.
Or, en Iran, si ces
religions chrétiennes « historiques » sont plus ou moins
tolérées, c’est parce que leurs offices religieux – regroupant
uniquement des croyants qui le sont par héritage familial - se
déroulent dans des langues tellement anciennes que même les membres
de ces communautés ne les comprennent pas ! En effet, on
n’apprend plus ces langues historiques, qui ont été remplacées
au fil du temps par la seule langue officielle de l’Iran moderne :
la langue persane.
Ces églises
traditionnelles, de toute manière, n’ont pas le droit de
s’adresser aux citoyens iraniens de religion musulmane en
persan, et ne sont donc autorisées à
pratiquer leur culte qu’avec leurs propres membres. Leur présence,
qui a été préservée dans l’Iran moderne, y compris dans le
contexte de la Révolution Islamique, sert d’ailleurs d’alibi aux
autorités iraniennes, qui mettent en avant leur existence pour nier
que la liberté religieuse soit actuellement un problème dans ce
pays ! En fait, l’objectif du pouvoir iranien est de faire de
ces Eglises historiques des « églises-musées »,
souvenirs d’une époque révolue, et de contribuer activement à la
disparition, à terme, de toutes les religions autres que l’Islam…
Mais bien évidemment,
l’interdiction faite aux chrétiens, quelle que soit leur
dénomination, de célébrer leur culte en langue persane, et surtout
de témoigner de leur foi au Christ à leurs concitoyens musulmans
dans cette langue qui, elle, est comprise de tous, s’impose
également, et avec plus de sévérité encore, aux chrétiens
évangéliques ; ceux-ci sont donc particulièrement surveillés
par les services secrets. Cette surveillance s’accompagne
fréquemment d’interventions violentes de la police lors des
réunions d’église, et des peines d’emprisonnement sont
prononcées à l’encontre de leurs responsables par les tribunaux
islamiques. Un certain nombre d’entre eux sont d’ailleurs
incarcérés actuellement, dans des conditions extrêmement dures.
Des actes de torture envers ceux-ci ont été souvent signalés,
ainsi que des mauvais traitements de tous ordres ; plusieurs
responsables de l’Église d’Iran ont notamment été assassinés
au cours des années 1990, mais les dirigeants du pays, soucieux de
donner à l’Occident une image moins négative, veillent maintenant
à éviter ces excès trop voyants. La persécution a donc pris
récemment des aspects plus insidieux, le délit de « témoignage
chrétien » ayant été remplacé par celui « d’atteinte
à la sûreté de l’état », les chrétiens qui témoignent
du Christ « mettant en danger la cohésion du pays », en
infraction aux les lois islamiques qui régissent l’Iran. Ainsi,
les pays occidentaux n’auraient plus de raisons de se mêler des
« affaires internes » du pays, puisque la « persécution
pour motif de conviction religieuse », contrevenant au respect
des droits de l’homme, n’existerait (apparemment) plus...
En fait, les
dénominations chrétiennes qui demeurent tolérées en Iran sont
celles qui acceptent de se soumettre aux exigences du gouvernement,
et qui subissent par conséquent le contrôle permanent exercé par
des agents des services secrets sur leurs pratiques et leurs
rassemblements. Mais même dans ces communautés, le nombre de
fidèles régresse constamment, car beaucoup de membres de ces
différentes églises, et notamment un grand nombre de jeunes,
vivent très mal les contraintes qui s’exercent sur eux, les
privant de la possibilité de faire des études débouchant sur des
emplois intéressants et rémunérateurs ; ce qui conduit un
nombre important d’entre eux à quitter leur pays pour trouver en
Occident des conditions de vie et d’ascension sociale plus
favorables.
Il
est en effet important de savoir que les chrétiens, ainsi que les
membres d’autres religions ( Juifs, Baha’ïs, etc ) sont soumis
de facto à la dhimmitude -
cette forme de « persécution douce » souvent évoquée
par Andro lors de ses interventions - c’est-à-dire à ce statut de
« sous-hommes » (les dhimmis)
réservé par l’Islam à ceux qui ne sont pas musulmans et se
voient par ailleurs contraints de pratiquer leur religion dans la
sphère strictement privée; statut qui leur interdit notamment
l’accès aux mêmes études et aux même emplois que les
musulmans, les cantonnant dans un nombre limité de professions, peu
rémunératrices, et leur interdisant l’accès à des postes de
responsabilité. Il n’est en effet pas acceptable, sous un régime
islamique, qu’un non-musulman exerce une autorité sur un musulman,
dans quelque domaine que ce soit.
Mais pour les
chrétiens évangéliques, considérés comme
particulièrement dangereux pour le pays du fait du
rayonnement de leur témoignage, ces diverses contraintes et brimades
sont encore aggravées. L’objectif des autorités étant de les
pousser, soit à renoncer à la foi chrétienne, soit à quitter le
pays. L’emprisonnement des leaders, en même temps qu’il laisse
les églises sans conducteurs, crée aussi un climat de « terrorisme
psychologique » qui pèse sur l’ensemble des croyants, étant
destiné à les contraindre au silence et, si possible, au
renoncement à la foi qui les anime.
Il est en effet
important de savoir que les conversions à Jésus-Christ se sont
multipliées en Iran ces dernières années, malgré les contraintes
multiples qui pèsent sur les chrétiens osant témoigner de
Jésus-Christ, et bien que le fait de quitter l’Islam expose en
principe un musulman à la peine de mort,
selon la charia iranienne… Ce qui n’empêche pas ces
chrétiens de témoigner de l’amour du Dieu de la Bible à leurs
concitoyens iraniens, et plusieurs dizaines de milliers de ceux-ci se
sont convertis à la foi chrétienne au cours des dernières
années, selon ce que les services secrets ont eux-mêmes constaté !
Ce phénomène
inquiète d’ailleurs beaucoup les dirigeants iraniens, qui estiment
que si les conversions à la foi chrétienne continuaient à se
multiplier au même rythme, les chrétiens pourraient (re)devenir
majoritaires à moyen terme en Iran ! Ce qui explique aussi le
net durcissement des persécutions anti-chrétiennes depuis
l’élection du nouveau président, pourtant réputé plus modéré
que son prédécesseur… Mais la multiplication des conversions dans
ce pays démontre aussi une réalité qui peut être un puissant
encouragement pour les chrétiens de tous pays : là où des
enfants de Dieu sont fidèles à leur Seigneur et ont à cœur de
partager avec leurs voisins la qualité de vie, autant individuelle
que relationnelle, qu’ils expérimentent dans leur relation intime
avec Jésus-Christ, le rayonnement de ce témoignage est tel
qu’aucune contrainte ne peut en entraver l’efficacité, et cela
sans le recours à ces grands moyens logistiques si prisés dans
nos pays, et pourtant si peu efficaces en réalité… Preuve
supplémentaire que le Dieu de la Bible se plait décidément
toujours à manifester la puissance de son amour par les moyens les
plus humbles, quand la foi est présente et active !
Situation
matérielle des chrétiens iraniens persécutés
L’effet
essentiel de cette persécution qui touche les chrétiens de l’Église
d’Iran, c’est qu’ils sont contraints de vivre dans une
situation de grande précarité, et particulièrement les familles
des responsables emprisonnés. Ceux-ci étant en général les seuls
pourvoyeurs des ressources de leurs familles, leur absence forcée
laisse les leurs sans autres moyens de subsistance que la solidarité
des autres chrétiens. Mais ceux-ci se trouvant eux-mêmes en
situation très délicate, plusieurs familles de responsables
connaissent une grande détresse matérielle, que ce soit pour régler
le loyer de leur logement ou pour faire face aux divers besoins
quotidiens, plusieurs de ces familles incluant d’ailleurs des
enfants. Les détenus chrétiens, de leur côté, sont soumis à des
conditions matérielles terriblement dures et à de multiples
privations ; les visites de leurs familles sont rares, car
coûteuses, et l’amélioration (relative…) de leur ordinaire, en
particulier sur le plan alimentaire, supposerait quelques moyens
financiers dont ils ne disposent évidemment pas actuellement…
Ces familles
chrétiennes, tout comme les chefs de famille qui se trouvent en
prison, ont donc un urgent besoin d’aide financière, et c’est
l’une des raisons du témoignage apporté par Andro dans les
églises de nos pays économiquement privilégiés. Ceci d’autant
plus que ces chrétiens ne bénéficient d’aucune autre aide que
celle qui peut leur être apportée par les personnes et églises qui
découvrent cette situation par le moyen du témoignage d’Andro.
Une association française a été créée pour collecter les dons
résultant de ce témoignage, et les transmettre directement aux
bénéficiaires, sans que le moindre centime de frais ne soit prélevé
sur les sommes reçues. Il s’agit de l’association Eleuthérie,
dont les coordonnées figurent en annexe de ce texte.
Ayant pris
conscience, lors du premier séjour d’Andro dans notre pays, et
plus encore lors de celui qui s’est déroulé récemment, de
l’ampleur des besoins de nos frères et sœurs iraniens, il m’a
semblé absolument nécessaire de diffuser les informations les
concernant. Vous trouverez donc ci-dessous les diverses sources de
renseignements qui vous permettront d’en savoir davantage à leur
sujet. Vous pourrez aussi vous adresser aux correspondants qui
assurent le lien avec Andro pour toute précision qui vous semblerait
utile. Et bien entendu, l’aide matérielle que vous pourriez avoir
à cœur d’apporter sera incluse dans une démarche fraternelle,
fidèle et persévérante d’intercession, dont ils ressentent
aussi, ils le disent souvent, un très grand besoin !
Marc BURNOD, 5 janvier 2015
ANNEXES
Correspondants :
- Jean-Luc B (région Centre)
- Marc BURNOD (région
Rhône-Alpes)
Dons : règlement sécurisé par carte bancaire à association Eleuthérie : http://www.eleutherie.eu/
Textes à consulter :
- (Texte d’information
diffusé lors de la première visite d’Andro en France, au
printemps 2014) :
Youcef appartenait à un mouvement « d'églises de maisons » (c'est à dire sans lieu de culte autorisé et se réunissant donc dans les maisons des fidèles). Or ce mouvement expérimente en ce moment un taux de conversions étonnant pour un pays où l'abandon de l'islam est pourtant puni par la peine capitale devant les tribunaux religieux. A titre d'exemple, dans la ville de Chiraz qui regroupe environ un million d'habitants, les services de sécurité parlent de 30 000 convertis ces dernières années.
- Quelques liens
(en français et en anglais) permettant de mieux connaître l’Église
d'Iran :
http://eglisediran.blogspot.fr/
http://blog-porte-parole.blogspot.fr/search?q=iran
http://aclj.org/iran/update-from-iran-christian-pastor-youcef-facing-imminent-execution-faith
http://www.chretiensdorient.com/article-iran-la-surveillance-des-chretiens-s-est-accrue-118474249.html
http://www.aina.org/news/20100829162034.htm
http://www.blog.sami-aldeeb.com/2012/05/13/iran-les-services-de-renseignement-arretent-ceux-qui-se-convertissent-au-christianisme-iranian-intelligence-agents-target-arrest-christian-converts/
- Pour mieux
connaître Andro
:
Tweeter : https://twitter.com/Andronikus
Facebook : https://www.facebook.com/firouz.khandjani?fref=ts
Enregistrements vidéo et audio
Printemps 2014
- renseignements sur
la situation difficile de l’église d’Iran : vidéo
de la
conférence
donnée par Andro à Bourges en mai 2014:
- deux interviews
données le lendemain : 1) au journaliste Philippe Malidor :
et 2) à la radio RCF en Berry :
http://www.rcf.fr/embed/823473
Automne 2014
- 2 Vidéos :
Conférence
d'Andro au Temple de Crest le 1er novembre 2014, et prédication
lors du culte de l’Eglise Ruah à Valence - St Ruph le 2 novembre
2014, à découvrir sur :
Dans la perspective d’un probable nouveau voyage d’Andro en France, merci de vous faire connaître aux correspondants si vous désirez l’inviter dans votre communauté, pour une conférence de témoignage, une prédication lors d’un culte ou un temps d’échanges.
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