La Crainte

(Exposé donné par le pasteur iranien Andronicus Sadegh Khandjani, le 1/11/2015, en Ardèche)

 
חֶרְדַּת אָדָם יִתֵּן מוֹקֵשׁ וּבוֹטֵחַ בַּיהוָה יְשֻׂגָּב

« La peur tend un piège à l’homme, mais qui se confie dans le SEIGNEUR est en sécurité. » Proverbes 29.25

C’est par ce passage du livre des Proverbes que la Parole de Dieu nous interpelle aujourd’hui.
Dans le texte hébreu, il y a une ambigüité qui permet de traduire le texte de deux manières : soit il s’agit de la peur dans l’homme, comme traduit par la TOB ; soit de la peur, de la crainte devant des humains, ou bien même, de la crainte éprouvée par Adam (Genèse 3.10)

La peur - ou la crainte - est un des plus puissants mobiles qui commandent nos actes. Celui-ci est associé à notre instinct de survie. C’est un sentiment partagé par les hommes comme par les animaux. Suivant la situation, ce sentiment peut prendre des formes et des expressions différentes :

- La crainte de Dieu
- La crainte des forces malveillantes, du diable, des démons, des esprits ou des sorciers
- La peur d’être seul, la crainte de la solitude
- La crainte de la mort
- La crainte de l’échec
- La crainte de perdre le pouvoir
- La crainte de la déchéance
- La crainte de ne plus être aimé
- Et j’en passe !...

Quelquefois nous exportons la terreur, la crainte que nous vivons, vers les autres. C’est la stratégie des puissants de ce monde; nul doute que derrière les systèmes totalitaires, les dictatures, il y a cette crainte, cette inquiétude des potentats de perdre leur pouvoir.

On sait ce que la crainte de Staline a produit en URSS. On sait ce que cela produit aujourd’hui dans la Corée des Kim, dans l’Erythrée d’Issayas Afeworki, dans le Rwanda de Paul Kagamé : des milliers si ce n’est des millions de morts.

Le dictateur tue, massacre, parce qu’il a peur d’être renversé. Le système élimine par instinct de conservation.

Les animaux tuent quelquefois par crainte, par désir de créer un espace vital et sécurisé pour la survie de l’espèce. Cela nous rappelle, dans une certaine mesure, le « Lebensraum », l’espace vital instauré par le nazisme. Nous retrouvons là l’instinct de conservation de l’animal humain, qui suit ses pulsions.

Cette manière de gérer la peur ne se limite pas aux bêtes politiques et aux bêtes des champs. On retrouve cette stratégie d’exportation de la peur dans la famille, dans le couple. Cela va du « maman ne va plus t’aimer », à des manipulations affectives dans le couple. C’est une stratégie d’exportation qui paye, mais qui a aussi un coût. Nous sommes piégés l’un et l’autre par la peur. Le lien construit sur la peur est toujours raide, tendu, prêt à se rompre.

La réaction face à la crainte, à cette peur importée ou exportée, c’est la soumission, et quelquefois le rire. C’est aussi la soumission.

Aujourd’hui l’Occident se retrouve confronté à une crise migratoire qui va de pair avec des défis d’ordre démographique. Je n’entrerai pas ici dans les détails.

Les responsables occidentaux, sous la pression de certaines forces, ont - pour de mauvaises raisons – ouvert, ou entrouvert, leurs frontières à ces populations migrantes. Si cela rassure le monde de l’industrie, cela génère aussi des craintes évidentes quant au futur de la civilisation judéo-chrétienne, qui pourrait se trouver submergée par un élément qui semble incontrôlable.

Ces craintes ne sont pas injustifiées: ces immigrés viennent de civilisations très malades, où a prévalu une dynamique de mort et de destruction. Ces gens seraient aussi susceptibles d’apporter leur « envie de massacrer » et toutes les déviations qui ont « infernalisé », si pouvez me permettre ce néologisme, le Moyen-Orient. Aujourd’hui (et cela, je le tiens de source certaine), des chrétiens sont menacés dans les camps de réfugiés en Allemagne. La persécution que ces chrétiens ont fuie les atteint malgré tout, et même en Allemagne !

Ce sont des choses que la presse bien-pensante refusera d’évoquer, mais ce sont pourtant des réalités vécues sur le terrain. Nous avons toutes les raisons d’être gagnés par la peur, et par la tentation de céder à une autre forme de radicalisme. Sauf que se laisser guider par la crainte, par nos peurs, c’est donner au diable, à l’adversaire, prise sur nos vies.

Dans le Notre Père, nous disons dans l’intimité de notre chambre, de notre solitude : « Ne permets pas que nous succombions, que nous nous laissions enfermer par l’épreuve, mais délivre-nous du filet dans lequel le malin, la puissance du mal et de la destruction, cherche à nous enfermer ».

D’où cette Parole de délivrance, ce « ne crains pas » qui retentit à travers toute l’Écriture. « Ne crains pas… » dit le Seigneur à son serviteur Israël, c’est-à-dire à l’Israël de Dieu, à ceux des croyants, des enfants de Dieu, qui adoptent la posture de serviteur, de disciple, pour être à l’affût des paroles du Seigneur.

« Ne crains pas », parce que l’avenir, l’empire, n’appartient ni à l’islamisme ni au communisme post-moderne, mais au petit troupeau :

« Ne crains pas, petit troupeau, car il a plu à votre Père céleste de vous soumettre un empire éternel » oserais-je paraphraser Luc 12 :23.

Cet ordre négatif du Seigneur : « ne craignez pas », ne saurait devenir une réalité si nous ne chassons pas la crainte par l’amour, c’est-à-dire « aimez ! tu aimeras !»

« De crainte, il n’y en a pas dans l’amour ; mais le parfait amour jette dehors la crainte, car la crainte implique un châtiment ; et celui qui craint n’est pas accompli dans l’amour. » 1 Jean 4.18

D’abord, tu aimeras Dieu. Tu te laisseras gagner par son amour si tu te mets entièrement à l’écoute de sa Parole. Aimer, le pouvoir d’aimer, est un don accordé exclusivement à ceux qui écoutent Dieu s’exprimer à travers sa Parole.

Puis tu aimeras « ton prochain » ! Aimer son frère, ce n’est pas vraiment aimer son prochain, c’est aimer « celui de sa maison ». Même le méchant aime les gens qui lui sont liés, qui appartiennent à sa maison : « vous qui êtes méchants, vous donnez de bonnes choses à vos enfants » (Matthieu 7.11). Aimer son prochain, ce n’est pas, dans le sens absolu « aimer les autres  chrétiens » ; cela devrait couler de source, puisque les chrétiens font partie de la maison de Dieu. « Celui qui aime Dieu, aimera aussi son frère », nous dit Jean.

Il s’agit du deuxième grand commandement, qui est celui d’aimer l’autre, aussi dangereux et menaçant soit-il. Aimer l’autre, c’est notamment aimer le musulman, l’hindou menaçant, ou aussi l’athée.

Aujourd’hui, des gens sont tellement habités par la terreur qu’ils seront tentés de l’exporter dans le « monde libre » ( ?). Ces personnes viennent de civilisations très malades et défaillantes.

Nous avons le pouvoir de les interpeller, de les appeler à l’amour de Christ, armés de l’assurance de la victoire: « Prenez courage », dit le Seigneur « car moi j’ai vaincu le monde ! ».

Andronicus Khandjani



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Commentaires

  1. Il est en effet important de comprendre devant quels défis se trouvent les chrétiens occidentaux dans la situation actuelle.

    Car le raz de marée migratoire que nous constatons a été planifié par des intérêts économicos-politiques bien avant que n'arrivent les vagues de réfugiés syriens. Voir les deux articles ci-dessous qui l'annonçaient déjà il y a 3 ou 4 ans. Les circonstances syriennes et irakiennes ont simplement accélérées le phénomène.

    L'immigration de remplacement. Quand l(ONU et l'UE organisent la disparition des peuples (sputnik est le nouveau nom de "la voix de la Russie", article de mai 2013)

    http://www.bbc.com/news/uk-politics-18519395 ? (en anglais, article datant de 2012)

    Certains chrétiens d'orient (qui n'évangélisent plus les musulmans depuis des siècles) pensent d'ailleurs qu'il s'agirait d'une invasion programmée pour détruire le christianisme.

    Saurons-nous discerner qu'il s'agit d'une incroyable opportunité pour faire connaître l’Évangile à ces musulmans qui étaient tenus à distance de la Bonne Nouvelle du salut en Jésus-Christ dans leur pays et qui pourront enfin le connaître en venant dans des régions où il est possible de leur annoncer librement ? Sans rester dans les les blocages mentaux de cette « dimmitude » qui paralyse malheureusement beaucoup de chrétiens orientaux lorsqu'il s'agit d'annoncer la Bonne Nouvelle aux réfugiés qui ne connaissent pas le salut. A ce propos, il est important d'aider en premier lieu les chrétiens syriens et irakiens à se libérer de ces blocages, puisqu'ils maîtrisent la langue et les habitudes culturelles qui leur permettront d'entrer plus facilement en contact avec leurs compatriotes musulmans pour leur faire connaître le Sauveur du monde.

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  2. une incroyable opportunité pour faire connaître l’Évangile à ces musulmans qui étaient tenus à distance de la Bonne Nouvelle du salut en Jésus-Christ dans leur pays et qui pourront enfin le connaître en venant dans des régions où il est possible de leur annoncer librement ?


    ben ta le moral .....mais alors sans sabre !!!!!

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