1° partie : Agar ou Sara : De la servitude à la liberté


(retranscription d’une conférence donnée à Paris-Orly le 10 mars 2012).


Généralement, lorsqu’on évoque ces deux femmes, il est rare que le personnage d’Agar soit vu comme une figure qui nous parle aussi profondément que celui de Sara. La lettre de Paul aux Galates, parlant de l’allégorie de ces deux femmes, nous dit que Sara représente la femme libre et Agar l’esclave; et puisque la Bible dit que Christ nous a affranchis, c’est tout naturellement que nous nous identifions à Sara. Mais il s’agit ici de finalités; aussi, ces deux figurent doivent pouvoir nous parler au niveau de la pédagogie qu’elles recèlent et qui se trouve dans les détails qu’elles véhiculent. C’est ainsi que nous verrons comment une Agar esclave de condition peut être particulièrement bénie et consolée par Dieu au sein même de sa détresse, mais aussi nous comprendrons pourquoi une Sara, princesse de condition,  aura néanmoins besoin de secouer le joug de la servitude qui pèse sur elle l’empêchant d’entrer de façon effective dans son identité de façon à pouvoir régner sur son héritage de princesse.


Les textes sur lesquels nous allons nous concentrer sont Genèse chap 12, 16, 17, 18, 20 et 21.


Abraham en Égypte ou la foi en Dieu et l’obéissance au sein de l’adversité


Lire Genèse 12


Au départ la parole du Seigneur était qu’Abram aille en Canaan pour y être béni. Dieu savait que la famine viendrait sévir dans ce pays, c’était pourtant Son ordre pour Abraham de s’y rendre  afin d’y être béni. La volonté de Dieu pour nous ne prend pas toujours la forme d’une expérience dépourvue de difficultés ; mais comme nous associons souvent la direction divine avec un chemin pavé de roses, à la moindre difficulté, nous empruntons des chemins de traverse pour tenter d’éviter ce qui nous semble être des obstacles au plan divin. Le Dieu qui avait envoyé Abraham en Canaan n’était-il pas aussi en mesure de lui permettre de surmonter la difficulté de la famine dans ce pays ? La volonté de Dieu n’était certainement pas qu’Abraham se rende en Egypte ; d’ailleurs plus tard lorsque Isaac connaitra à son tour la famine dans le pays, Dieu lui interdira de descendre en Egypte : Genèse 26/ 1et 2: «Il y eut une famine dans le pays, outre la première famine qui eut lieu du temps d’Abraham ; et Isaac alla vers Abimélec, roi des Philistins, à Guérar.  Le Seigneur apparu à Isaac et lui dit: ne vas pas en Egypte, mais installe toi dans le pays que je t’indiquerai. Séjournes-y, je serai avec toi et je te bénirai…». Force est de constater que c’est en Egypte que les ennuis ont commencé pour Abram.  Il quittera ce pays avec un cadeau particulier du Pharaon qui constituera une épine dans son pied.


Agar et les fruits de la servitude


Genèse 16, Genèse 21/ 8 à 19 (lire)


Le Seigneur avait promis à Abram qu’il ne le laisserait pas sans héritier et lui donnerait un fils. Au départ, Abram crut que cet héritier serait Eliézer le fils de sa servante et Dieu va rectifier cela: Chapitre 15/ 4 « non, dit le Seigneur ce n’est pas Eliézer qui sera ton héritier mais un fils né de toi»; cependant le Seigneur ne lui avait pas expressément dit à ce moment-là que c’était au travers de Sara qu’il lui donnerait cet héritier ; Il ne le fait que plus tard (chapitre 21/ 12). Or en ce temps-là suivant la coutume en Mésopotamie, pays d’origine d’Abraham, il n’était pas rare qu’en cas de stérilité on fasse appel à une sorte de mère porteuse comme on les appellerait aujourd’hui. C’est pourquoi Sara propose à son mari de passer la nuit avec son esclave Agar afin d’avoir un fils: Chap. 16/ 2.
Ces deux chapitres: Genèse 16 et 21, décrivent une Agar qui, suite à cette décision, connaitra tour à tour dans la servitude, l’orgueil du à sa grossesse, l’injustice, le rejet, la fuite, le désert, puis l’exclusion «chasse l’esclave et son fils ». Mais fort heureusement, elle connaitra également la consolation et la bénédiction de Dieu qui se révèle à elle au sein de son affliction.


L’esclave qui prend conscience de son utilité


On peut imaginer que dans une telle situation, Agar a pu se sentir manipulée utilisée puis jetée comme un vulgaire torchon dont on n’a plus besoin. Bien entendu elle n’était qu’une esclave avec tout ce que sous entend cette condition. Cependant, un temps à cause de sa nouvelle situation (sa grossesse), elle a pu espérer constituer autre chose qu’une simple servante inutile ne faisant que ce qu’elle était censée faire, car malgré tout voilà qu’elle mettait son corps au service d’une noble cause : la venue d’une promesse de Dieu à Abraham ! Elle pouvait dès lors penser incarner à cause de cela un canal précieux qui pouvait compter et avoir son mot à dire dans ce foyer et surtout supplanter sa maîtresse aux yeux d’Abraham. Elle prenait conscience de son utilité; dans son esprit elle devenait un élément clé et incontournable de la bénédiction promise au couple de Sara et Abraham. Et cette conscience que lui donnait sa nouvelle situation lui était monté à la tête au point où elle est devenue arrogante et méprisante envers Sara sa maîtresse, un peu comme si elle avait comme oublié qu’elle était une esclave.


Le rejet et la fuite au désert


A deux reprises Agar vécut le rejet dans la maison d’Abraham : une première fois au début de sa grossesse (Genèse 16. 4 à 6): ce passage dit qu’elle fut tellement maltraitée par sa maîtresse Saraï qu’elle s’enfuit dans le désert. Dans cette situation, Abraham n’avait pas pris sa défense; au contraire il l’avait livrée au bon vouloir de Saraï: «Voici, ta servante est en ton pouvoir, agis à son égard comme tu le trouveras bon».
Agar porte un nom qui définit un aspect de son identité comme c’est assez souvent le cas des personnages bibliques : son nom signifie « fuite ». La méchanceté de Saraï sa maîtresse la poussait à fuir au désert ; et c’est là en cet endroit isolé et loin de tout secours humain que l’ange de Dieu la rencontrera et lui demandera de retourner vers sa maîtresse. Mais Dieu n’avait-il pas vu sa souffrance pour lui demander de retourner à son supplice ? Mais nous constatons qu’avant de la renvoyer vers sa maîtresse, Dieu l’amène à un face à face intérieur  qui sera décisif pour son avenir et qui lui permettra de recevoir dans les meilleures conditions le conseil divin. L’ange de Dieu venu à sa rencontre lui pose en effet deux questions :


-  D’où viens-tu


-  Où vas-tu ?


La nécessité de faire le point


Le Seigneur ne pouvait ignorer la raison pour laquelle Agar se trouvait en ce lieu, ni le tumulte qui étreignait son âme. Mais ces 2 questions  devaient pousser Agar à faire le point sur elle-même, là où elle en était intérieurement, ce qu’elle voulait, ce quelle attendait, et surtout les raisons pour lesquelles elle était dans cette situation. Lorsque Dieu nous trouve dans la détresse, il est salutaire qu’Il nous pousse à faire ce point sur nous même pour nous permettre d’éviter les conséquences désastreuses d’un éventuel déni sur notre situation, c’est le premier pas vers la sortie du gouffre.
Agar esclave de Saraï, d’où viens-tu et où vas-tu ? Ces deux questions permettent l’amorce de la solution du Seigneur ainsi que l’acceptation ou compréhension de Ses promesses malgré une situation évidente de souffrance.  Agar devait verbaliser les motifs de sa fuite elle qui était une esclave et non une femme libre dira: « je me suis enfuie de chez ma maîtresse ». Elle devait admettre d’une part qu’elle était dans une attitude de fuite, et d’autre part qu’elle était une esclave – elle parle de Saraï en disant «ma maîtresse». Du fait de sa grossesse, Agar avait comme mis en oubli sa condition juridique d’esclave et s’était prise à rêver à la position qui était celle de sa maîtresse. Agar était en situation de déni sur elle-même et devait être rendue à la réalité de sa condition: «elle appartenait à sa maîtresse».


Lorsque nous sommes en situation de crise, nous ne pouvons trouver d’issue satisfaisante tant que nous nous obstinons à poser  un verrou de déni sur la réalité qui est la nôtre. Il sera absolument nécessaire d’admettre ce qui se passe, de poser des mots précis sur nos maux, les verbaliser correctement comme la suite d’une prise de conscience de ce qui se passe réellement en nous.


C’est ainsi que poussée par l’ange dans un bon questionnement (d’où viens-tu, où vas-tu), Agar a pu verbaliser sa réalité présente ; c’est seulement après cet état des lieux intérieur qu’elle a été en mesure de s’entendre dire «  retourne auprès de ta maîtresse et «sois lui soumise».  À cause de la souffrance qui était la sienne, jamais elle n’aurait pu recevoir avec soumission une telle parole si Dieu ne l’avait préalablement amenée à une telle prise de conscience personnelle.  Elle aurait été incapable d’accepter le verdict de Dieu. Mais nous verrons plus loin que Dieu qui est juste, ne se contente pas de lui dire (par l’ange) de retourner chez sa maîtresse, mais va aussi lui donner des gages en lui faisant des promesses qui donneront un sens à sa vie et à sa souffrance présente.


Beaucoup de femmes sont aujourd’hui comme Agar subissant injustice, rejet, fuite, déserts, expulsion ou/et exclusion. Elles se sentent comme Agar, esclave de ces situations et en grande détresse intérieure sans personne pour les défendre. Mais le même Dieu, qui est venu à la rencontre d’Agar, l’a entendue dans sa souffrance, protégée, qui a aussi entendu les cris de son fils dans le désert, ce même Dieu entend les cris de ces femmes ; jamais Il ne les renverra dans leur situation de souffrance sans leur faire de promesses d’avenir qui vont donner un sens à leur souffrance du présent.


El Roï le Dieu qui  prend soin de toi


À deux reprises nous l’avons lu, Agar a du fuir pour aller trouver refuge dans le désert. De même, parfois lorsqu’il nous arrive d’être confrontées à des situations de détresse, nous fuyons dans le désert ; et alors que nous ne nous y attendons pas, Dieu vient à notre rencontre pour nous fortifier avec des promesses qui vont nous aider à reprendre la route. Il est bon d’insister ici sur le fait que Dieu ne se contente pas d’ordonner à Agar de retourner chez sa maîtresse, car ce n’était pas pour lui rappeler son humble condition d’esclave qu’Il  était venu à sa rencontre, mais c’était pour lui apporter la consolation au sein de son affliction(verset 11): «… car l’Éternel t’a entendue dans ton affliction. » , et aussi une grande promesse de bénédiction pour son avenir et celui de son fils «(Verset 10 ) : « Je multiplierai ta postérité, et elle sera si nombreuse qu’on ne pourra la compter. ».


Agar était depuis Eve, la première femme dans le récit biblique à avoir un contact privilégié avec le très haut: elle a vu Celui qui la voyait (verset 13). Mais aussi Dieu l’a vue et entendue car Ismaël le nom de son fils signifie «Dieu a entendu».


El Roï: le Dieu qui t’entend et te voit au sein de ton affliction


Revenons aux paroles de Dieu à Agar les deux fois où Il vient à sa rencontre.


Genèse 16/ 11 « Voici, tu es enceinte, et tu enfanteras un fils, à qui tu donneras le nom dIsmaël ; car l’Éternel t’a entendue dans ton affliction..


Genèse 21.17 « Dieu entendit la voix de l’enfant et l’ange de Dieu appela du ciel Agar, et lui dit; qu’as-tu, Agar? Ne crains point, car Dieu a entendu la voix de l’enfant dans le lieu où il est ».


Il s’agit dans ces deux récits de deux visitations distinctes de Dieu sur lesquelles nous reviendrons plus loin. La première fois Dieu dit qu’il a entendu Agar; la deuxième fois Dieu dit qu’il a entendu la voix de son fils (Ismaël signifie «Dieu entend »). Dieu te voit dans ta détresse, Il entend ton cri. Tu n’es pas seule dans ta souffrance au fond de ton désert. Bien qu’Agar et Ismaël aient été traités en étrangers et exclus de la maison, Dieu s’est soucié d’eux. Il est venu à leur secours. Dieu n’abandonne pas ses enfants, il est dit que quand le malheureux crie, l’Éternel entend, Il ne le laisse pas sans secours.


Lors de sa première visitation au puits, Agar dit à Dieu: « Tu es El Roï, le Dieu qui me voit », et elle nomme ce lieu Lachaï Roï, car là elle est rendue consciente du regard de Dieu sur elle. Nous reviendrons plus loin sur les incidences de ce regard sur nos vies. Mais là elle comprend que Dieu a vu sa détresse et qu’Il n’est pas indifférent à sa situation. Ce regard de Dieu  aura une grande incidence sur la façon dont Agar va aborder sa vie par la suite. C’est de fait une rencontre et un constat qui vont la marquer en profondeur de façon à lui permettre de tenir et d’espérer quelque soit les circonstances qui vont se présenter par la suite.


Lachaï Roï: le puits du vivant, ou voir Celui qui me voit


Lors de ces rencontres au puits, Dieu ouvre de nouvelles perspectives à Agar : Il lui ouvre les yeux sur Lui, sur elle-même, mais aussi lors de la seconde visitation il lui ouvre les yeux sur la source qui est là et qu’elle ne voit pas parce qu’elle est fatiguée, assoiffée et « désespérée »  Dieu lui ouvre les yeux, et c’est alors qu’elle voit une source d’eau fraîche; elle va remplir sa gourde, et donne à boire à son fils: Genèse 21/19. C’est ainsi que Dieu change la malédiction du rejet en bénédiction. Il transforme la trahison d’Abraham et de Saraï en une expérience libératrice pour Agar. Le Dieu vivant se révèle à elle, une esclave, lui faisant à peu de choses près la même promesse qu’Abraham lui-même Genèse 16/ 10: « Je multiplierai ta postérité, et elle sera si nombreuse qu’on ne pourra la compter. ». Elle qui n’avait plus d’espoir, Dieu lui assure un avenir pour elle et son enfant, un projet d’avenir qui va la soutenir durant sa route difficile: «Debout prends ton fils et tiens-le d’une main ferme car je ferai naître de lui une grande nation».


Le puits de la vision


L’expérience d’Agar s’inscrit aussi à un double niveau : Dieu a vu Agar mais Agar aussi a vu Dieu. Non seulement elle prend conscience du fait que Dieu la voit, mais encore de ce qu’elle a vu ce Dieu qui la voit! Elle est consciente d’avoir fait une rencontre exceptionnelle : au verset 13 elle dit: « ai-je réellement vu Celui qui me voit?». Du sein de sa détresse elle a été rendue consciente du regard providentiel et bienveillant de Dieu sur elle. C’est à cause de cette double expérience qu’Agar nommera le puits de la source où l’ange l’a rencontré «Puits du vivant qui me voit ».


Deux types de visions pour deux types de visitations


A deux reprises, Dieu vient la fortifie auprès d’un puits. Ces deux rencontres divines véhiculent une certaine pédagogie de Dieu dans sa façon de se révéler à nous. La première fois, fuyant dans le désert, c’est après avoir trouvé un puits que les yeux d’Agar s’ouvrent sur le Dieu vivant: c’est parce qu’elle boit à la source qu’elle peut voir Dieu.


La deuxième fois c’est encore en fuyant dans le désert, après avoir été expulsé avec son fils de  la maison d’Abraham, qu’elle rencontre un puits. Cette fois au contraire, Dieu doit lui ouvrir les yeux pour qu’elle trouve le puits. C’est parce que ses yeux s’ouvrent, qu’elle peut trouver la source et boire. Nous voyons ici l’expression de la bonté et la miséricorde de Dieu envers Agar car celle-ci était désabusée fatiguée n’espérant plus rien, dans aucun secours, au point d’abandonner son enfant en disant (Genèse 21/16): «que je ne vois pas mourir mon enfant».


Les sources dans le désert


Comme Il l’a fait pour Agar, Dieu a placé plusieurs types de sources pour nous sur la route de nos déserts ; elles sont situées à différents endroits au cours de la marche. Dieu  ne nous renverra jamais à vide vers les situations difficiles et douloureuses qu’il sait que nous allons devoir affronter. Mais avant de nous renvoyer vers des réalités parfois douloureuses, il va nous conduire vers ces puits afin de nous restaurer, que nos forces soient renouvelées. Agar devait chaque fois repartir, mais d’abord elle a pu boire et ainsi être restaurée encouragée consolée; et Dieu agit de même envers nous.


Notre besoin de boire et d’être restaurées recouvre des aspects différents qui correspondent à des périodes différentes de notre marche. C’est pourquoi ces puits vont avoir des objectifs différents dans la restauration qu’ils vont apporter. Nous vivons les choses à la manière d’Agar lors de ses deux visitations à la source.


Souvent lors d’une première rencontre avec Dieu, il nous vivifie en nous faisant boire de son eau vive et c’est alors que nos yeux s’ouvrent sur la source de Vie qu’est Jésus-Christ. Mais la vie chrétienne est faite d’épreuves (pour la croissance) où Dieu Lui-même nous conduira pour fortifier notre foi. Et le chemin sera souvent pavé de difficultés qui nous obligeront parfois à fuir dans le désert où  fatigués nous aurons besoin d’être restaurés, nous aurons besoin que Dieu vienne à notre rencontre (car nous n’avons même plus la force de bouger) pour nous faire boire tout à nouveau car nous sommes complètement desséchés. À ces moments-là nous ne voyons même pas la source et Dieu doit faire un miracle pour nous ouvrir les yeux afin que nous la voyions. Il y a donc plusieurs types de sources sur la route de notre pèlerinage terrestre : des puits de révélation (où Dieu se révèle la première fois) et des puits de restauration (où il nous relève et nous fortifie pour reprendre la route). Pour celles qui connaissent déjà le Seigneur Dieu dispose de nombreux lachaï roï mais comme Agar nous avons besoin qu’Il nous ouvre les yeux pour voir ces puits où nous irons puiser la force et la consolation lorsque nous sommes épuisées, découragées et désespérées.  On notera  que c’est près de ce même Puits (Lachaï roï) qu’Isaac le fils de la promesse habita par la suite après que Dieu l’ait béni: Genèse 25/11 ; ainsi il existe non seulement des puits de  visitation et de  restauration mais aussi des puits de bénédiction sur notre route bien qu’un même puits génère à la fois ces trois choses comme ce fut le cas pour Agar.


Dans les récits de la Bible, le puits est souvent un lieu de rencontre en rapport avec le plan de Dieu, sa bénédiction sur nos vies (Rebecca : Genèse 24/ 11à 14), Rachel (Genèse 29/1), la Samaritaine) toutes 3 sont des femmes qui ne savaient pas encore à quel point ces rencontres au puits allaient modifier leur destinée.


Demandons à Dieu d’ouvrir nos yeux sur les puits qu’Il a disposé pour nous, le secours qu’Il nous envoie pour nous sortir du désespoir.


Le regard de Dieu


Je disais plus haut qu’Agar avait pris conscience du regard de Dieu sur elle et que cela avait eu une répercussion sur la suite de sa vie. Le puits de Lachaï-Roï pourrait être appelé le puits où nos yeux s’ouvrent sur le fait que Dieu nous voit.


En tant qu’être humain, nous sommes profondément affectés par le regard de ceux qui nous entourent, un regard qui nous affecte en bien ou en mal. Mais alors lorsque nous prenons conscience du regard de Dieu sur nous, quel effet ! Dieu me voit ! Cela change tout et dans tous les sens. Il a vu ce que je vivais, cela ne lui était pas caché, il n’est indifférent à ce que je traverse. Voilà réellement un regard qui peut tout bouleverser ou changer de notre situation.


C’est si important de comprendre que Dieu entend et voit (Psaume 94/ 9) : « Celui qui a planté l’oreille n’entendrait-il pas ? Celui qui a formé l’œil ne verrait-il pas ? ». Savoir que Dieu nous voit a des incidences sur nos vies; pensons à Nathanaël qui a cru parce que Jésus lui avait dit: «Avant que Philippe t’appelle, quand tu étais sous le figuier je t’ai vu».


Notre nature charnelle nous pousse constamment à nous cacher de Dieu (comme Adam) alors que  rien ne peut lui être caché. On cherche à se cacher de Dieu comme on se cache du regard des autres, on cherche à soigner l’image qu’on aimerait donner aux autres. Nous n’aimons pas mettre notre âme à nu à cause de la honte qui est souvent là, la peur d’être jugé mais parfois cela peut aussi venir d’un déni personnel bien profond qui a besoin d’être dévoilé comme tel. Mais Dieu nous voit tels que nous sommes. Et c’est justement Son regard qui peut nous faire entrer dans l’épanouissement de la libération; de même que la lumière du soleil permet à une plante de croître, nous avons besoin sur nous des rayons du Soleil de Justice (Jésus-Christ) car le regard de Dieu sur ses enfants est bienfaisant. Ce regard de Dieu nous éclaire sur nous-mêmes, nos ressorts secrets, nos motivations enfouies comme ce fut le cas pour Agar qui poussée par l’ange dans un bon questionnement, put faire le point sur elle-même avant de pouvoir entendre le projet de Dieu sur sa vie.


Ce regard de Dieu ne pousse jamais à une introspection maladive, mais bien plutôt il sert à nous faire entrer dans la perspective de la vision divine sur notre situation. Ce regard diffère ainsi de celui de la psychologie ; il ne consiste pas juste à nous montrer ce qui ne va pas, ne se cantonne pas à faire remonter les causes de nos souffrances ou traumatismes. Non ce regard a pour objectif de nous mettre en état d’entrer dans les projets de Dieu dans les meilleures conditions. Il éclaire notre âme en vérité, non pour la casser mais pour la redresser, la réhabiliter. Dieu va agir avec délicatesse à l’endroit même de nos fêlures. Lui seul sait par son Esprit s’adresser à l’âme blessée: « l’Esprit du Seigneur est sur moi pour consoler les affligés», Il sait prendre soin des désespérés il sait comment enlever les marques de tristesse et blessures qui flétrissent l’âme angoissée et meurtrie. Il va aussi profond que l’âme est tombée dans le gouffre pour la ramener sur la montagne de sa présence bienfaisante. Il ne nous traite pas selon l’apparence mais selon ce qu’il voit dans les profondeurs de nos cœurs. Ainsi, alors que Nathanaël demande à son propos s’il peut seulement venir quelque chose de bon de Nazareth, Jésus ne va pas lui reprocher cette parole qui semble à première vue déplacée, mais Il va lui donner une réponse qui correspond au projet de Dieu sur lui et qui va le pousser à devenir un disciple de Jésus. Il lui répond à la surprise générale : «voilà un Israélite dans lequel il n’y a point de fraude ». Déclaration qui est à l’opposé de ce que nous aurions pu dire si nous étions à la place de Jésus raisonnant dans notre humanité non régénérée.


Ce regard de Dieu sur nous est un regard épanouissant et bénissant dans son objectif : nous conformer au projet de Dieu. C’est ce regard que Agar a rencontré dans sa fuite et qui lui a donné la force d’entendre le projet de Dieu pour sa vie et de  s’y soumette en reprenant la route conformément à la parole reçue.


Mais ne nous méprenons pas car aussi merveilleuses que furent ces visitations et bénédictions accordées par Dieu à Agar, elles se situent dans un contexte d’esclavage et de servitude qui n’est pas celui de la bénédiction plénière et libératrice qui est l’héritage du fils de la promesse. Il est écrit dans la lettre de Paul aux Galates (et nous y reviendrons plus loin) que le fils de l’esclave n’héritera pas avec celui de la femme libre. Nous verrons que notre appel est d’être des filles de Sara filles de la femme libre. Le texte de Genèse nous dit qu’Ismaël le fils de l’esclave habita dans le désert (Genèse 21/20)  alors qu’Isaac le fils de la femme libre habita au puits de Lachaï Roï, c’est-à-dire que sa demeure était près de la source de la visitation en ce lieu où nous voyons le Dieu qui nous voit.  Et c’est là le signe d’une bénédiction plénière : pouvoir demeurer près de la source qui coule du trône de Dieu au lieu d’habiter dans le désert : demeure du fils de l’esclave. Le Seigneur ne veut pas juste nous visiter dans nos déserts en venant nous donner à boire ; son projet va bien au-delà il veut nous déplacer de ce lieu aride et nous transporter dans ce lieu de sa présence où nos racines trempent constamment dans l’eau vivifiante qui jaillit de son cœur (Jérémie 17/7 et 8). C’est là l’héritage de la postérité de Sara dont nous sommes les filles (épître de Pierre). Mais avant de parler de Sara, nous allons devoir parler de Saraï et de ce que révèlent son identité et son caractère.


Commentaires

  1. texte analysé de façon très interessante merci pour cette merveilleuse édification nous révélant tous les aspects profond de ces passages bibliques et leurs significations, quel merveilleux dieu que nous avons notre jesus !

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  2. Bonjour Anonyme, vu que tu écris publiquement ton opinion ce que tu crois,dans ce cas où sont passés les Majuscules ? ¿ ?


    Dubitatiff

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