Une leçon spirituelle au travail.

Jean-Luc B




L'autre jour, je suis passé en voiture devant un hangar dans lequel j'avais eu l'occasion de travailler il y a quelques années. Et m'est revenu à la mémoire une grande leçon que le Seigneur m'avait apprise au travers de cette circonstance. J'en était rempli de reconnaissance en y repensant et je vais essayer de la partager avec vous.


A l'époque, nous venions de vendre le snack-bar danslequel le Seigneur s'était révélé à nous et où nous avions commencés notre marche dans la foi. Après la naissance de notre troisième garçon, nous avons pris conscience qu'il nous fallait changer d'activité pour être davantage disponibles pour les enfants et nous avons donc décidé de vendre notre fond de commerce pour que ma femme puisse s'occuper complètement des enfants.
Et je me suis donc retrouvé sur le « marché du travail », sans diplôme ni formation particulière (vu l'enfance sectaire que j’avais eu), mais confiant dans le fait que le Seigneur nous donnerait dans ces circonstances les moyens de subvenir aux besoins du foyer en « travaillant de mes mains » puisque c'est le recommandation qui est faite aux disciples du Seigneur dans l’Écriture. En regardant le chemin parcouru, nous pouvons témoigner que Dieu prend soin de ses enfants et qu'Il leur donne également de quoi aider les autres.


Il est symptomatique de remarquer que les premiers disciples du Christ n'étaient pas des théologiens enfermés dans les hautes sphères de raisonnements intellectuels et mystiques détachés de la réalité de la vie, mais avaient tous un travail manuel qui leur permettait de garder les pieds dans la réalité d'une activité concrète et répétitive. L’apôtre Pierre était un pécheur qui se levait de très bon matin tous les jours pour aller au large jeter et ramener ses filets dans le but de vendre ses poissons afin de faire vivre sa famille, tout comme ses associés, les fils de Zébédée, Jean et Jacques. L'apôtre Paul, de son côté était fabricant de tente. Et c'est précisément lui, le grand théologien étudié et sondé par tous les théologiens chrétiens depuis deux millénaires, qui recommande à tous de ne pas se contenter d'un travail intellectuel, mais exhorte les disciples du Christ « à travailler de vos mains, comme nous vous l'avons recommandé, en sorte que vous vous conduisiez honnêtement envers ceux du dehors, et que vous n'ayez besoin de personne.  ». (1 Thess. 4 : 11-12.)


Il faut savoir que dans la diaspora juive il était recommandé à tous, quelle que soit l'activité intellectuelle exercée (fonctionnaire ou rabbin), de maîtriser correctement un travail manuel. Il est possible que Paul se soit basé sur cette option de sagesse juive pour donner ses recommandations. Il me semble qu'il serait toujours judicieux d'en tenir compte de nos jours où la « réalité virtuelle » tellement présente dans tous nos moyens de communications pourrait parfois nous faire perdre de vue le simple bon sens posé sur des choses concrètes et des relations réelles...


Je m'étais donc inscrit à l'ANPE ainsi que dans différentes boites intérim de ma ville et il m'avait été proposé un travail avec un contrat à durée déterminée (CDD) dans une fabrique de piquets. Un travail très physique qui sollicitait beaucoup le dos puisqu'il consistait à ramasser par terre des piquets fendus et à les aiguiser en pointe en les passant dans une presse hydraulique équipée de lames aiguisées. Et cela huit heures par jour sous les ordres d'une patronne particulièrement désagréable qui prenait un malin plaisir à humilier les nouveaux. 

A l'époque, j'avais pris la résolution d'accepter tous les travaux qui m'étaient proposés, puisque je savais que c'était le Seigneur qui pourvoyait. Pourtant, c'était une période où je souffrais régulièrement du dos, en particulier de douleurs lombaires. Ce n'est que des années plus tard que j'ai fini par comprendre leur origine et pouvoir corriger, mais à l'époque je n'avais que la prière pour régler le problème. Et je suis donc parti pendant quelques semaines tailler ces piquets de vigne en acacia en passant ma journée à me baisser et me relever en comptant sur la grâce de Dieu pour tenir jusqu'au soir...


Pour corser un peu les choses, il y avait des jours où les petits piquets d'acacias étaient remplacés par de grands piquets en châtaigniers de plusieurs mètres de long destinés aux vergers de pommiers qui étaient nombreux dans la région. Dans ce cas là, on travaillait ordinairement à deux, un à chaque bout du tronc, pour les amener à la machine qui les aiguisait en pointe. Le châtaignier n'est pas un bois très lourd, mais la longueur des troncs en faisait quand-même une charge entre 25 et 45 kilos. Tout cela multiplié par huit heures de travail, je vous laisse imaginer l'état du dos à la fin de la journée... mais la grâce de Dieu était là et j'ai réussi à tenir jusqu'au bout de mon contrat de travail.


Après quelques semaines dans cette entreprise, un jeudi matin où j’avais particulièrement mal au dos, je me suis retrouvé devant un grand tas de troncs de châtaigniers qui allait être mon travail de la journée. Je commence alors à prendre un tronc par un bout en attendant que mon collègue soulève l'autre, et c'est à ce moment là que je l'entends me dire ;


- Non ! Aujourd'hui c'est chacun pour soi. On porte les piquets tous seuls. Ordre de la patronne.


« Serviteurs, obéissez en toutes choses à vos maîtres selon la chair, non pas seulement sous leurs yeux, comme pour plaire aux hommes, mais avec simplicité de coeur, dans la crainte du Seigneur. » (Col.3 ; 22.)


J'ai donc placé ma confiance dans le Seigneur et j'ai commencé à porter seul ces gros troncs qui me pinçaient le dos à chaque fois que je me baissais pour les ramasser. Mais j'ai remarqué aussi que mon collègue s'amusait à un jeu malsain avec moi. M'entravant avec ses propres piquets et essayant de me faire tomber sous les ricanements de la patronne qui ne se privait pas de s'esclaffer bruyamment dans mon dos à chaque fois que je manquais de perdre l'équilibre. Je ne comprenais pas trop ce qui m'arrivait et je commençais à bouillir intérieurement, mais j'essayais de me contenir en « prenant sur moi », comme on dit. Jusqu'à un moment où j'ai vu mon collègue baissé devant moi et où m'est venu l'horrible idée de faire semblant de trébucher et de lui enfoncer dans le crâne le tronc que je tenais à la main ! Je me suis évidemment ressaisi et j'ai prié intérieurement en demandant à Dieu de me garder de me venger de cette façon dangereuse ! Et là, selon la promesse (Jean 14 : 26.), le Saint Esprit m'a rappelé ce qu'avait dit le Seigneur et que j'avais zappé :


- « priez pour ceux qui vous maltraitent. » (Luc 6 : 28.)


J'ai pris conscience d'un coup que j'essayais d'encaisser les maltraitances, je courbais le dos devant ces méchancetés, mais je ne priais pas pour celui qui me faisait du mal. Je subissais donc passivement au lieu d'être un acteur, une source de bénédiction. J'ai alors commencé à prier pour lui. A chaque croche-pied, à chaque méchanceté qu'il me faisait, je priais pour lui en disant :


- bénis-le Seigneur.


A partir de ce moment là, quelque chose s'est passé. Mon mal de dos a peu-à-peu disparu, mes forces sont revenues et je me suis trouvé dans une joie intérieure qui ne correspondait absolument pas aux circonstances. Un collègue portugais qui désapprouvait ce dont il était témoin, s'est approché de moi pour m'exprimer sa compassion et j'ai pu lui répondre :


- Ne t'en fais pas pour moi ! Je suis dans une paix que tu ne peux pas comprendre.

Au moment de la pose, je suis allé chercher le KitKat que j'avais en réserve et quand j'ai commencé à l'avaler, j'ai remarqué que le collègue qui m'avait fait toutes ces méchancetés ne mangeait rien. Je savais qu'il n'avait pas trop de moyens financiers et je lui ai apporté la moitié de mon goûter pour qu'il puisse lui aussi reprendre des forces. Inutile de dire qu'il n'osait pas prendre ce que je lui offrais. Il a fallu que j'insiste pour qu'il accepte enfin. J'avais à ce moment là un réel amour pour lui, qui me rendait euphorique. 

J'ai terminé la journée sans autres incidents et en chantant des cantiques au milieu du bruit des différents engins. Avec d'un côté le regard fuyant de celui qui m'avait persécuté toute cette journée et qui ne devait par être très fier de lui, même si je savais qui n'avait fait qu'obéir aux ordres de celle qui lui donnait son salaire, et de l'autre côté, le regard malheureux du collègue portugais qui me montrait qu'il désapprouvait ce qui s'était passé. Le vendredi soir, la patronne m'apprenait devant tous que mon contrat de travail était terminé et que je ne reviendrais plus la semaine suivante.


Ce n'est que le lundi matin, en allant amener mes feuilles d'heures à la boite d'intérim, que m'a été dévoilé les raisons financières de ma difficile journée du jeudi précédent. Il y avait là un pauvre ouvrier étranger qui essayait d'expliquer qu'il n'avait pas oublié de reprendre le travail, mais que son contremaître l'avait pris à part sans témoins le soir du vendredi précédent pour lui dire que ce n'était plus la peine de revenir le lundi, car son contrat était terminé. Et lui, naïvement, n'était donc pas revenu et avait faussement été considéré comme ayant rompu son contrat, ce qui le privait des 10 % d'Indemnité de Fin de Mission (IFM) qui sont légalement attachés aux contrats temporaires... 

J'ai alors pris conscience que certains patrons malhonnêtes employaient avec l'entente de certaines boites intérims des méthodes peu recommandables pour économiser les 10 % d'IFM. Dans mon cas, c'était en me pourrissant la vie et en espérant que je craquerais et romprais mon contrat avant sa fin légale. Mais le Seigneur m'avait gardé de ces manœuvres frauduleuses au travers de la leçon qu'Il m'a apprise ce jour là et que je voulais partager avec vous.


Le Seigneur Jésus-Christ nous entraîne avec Lui dans son cortège triomphal (2 Cor. 2 : 14.). Il ne nous appelle pas à la passivité, ni à encaisser les coups sans rien faire et sans rien dire, mais Il veut nous faire progresser en Lui en devenant à sa suite des sources de bénédiction (Jean 7 : 38 – Es. 41 : 18 – Rom. 12 : 14.). Ne restons donc pas passifs, muets et inertes, mais remplissons à bonne mesure notre ministère d'enfants de Dieu en agissant et en parlant à Sa manière par l'Esprit qu'il nous a donné.



« nous nous fatiguons à travailler de nos propres mains; injuriés, nous bénissons; persécutés, nous supportons; calomniés, nous parlons avec bonté... »
(1 Cor. 4 : 12-13.)

« Ne rendez point mal pour mal, ou injure pour injure; bénissez, au contraire, car c'est à cela que vous avez été appelés, afin d'hériter la bénédiction. »
(1 Pierre 3 : 9.)


N'attendons donc pas la prière du soir ou du dimanche matin pour répandre la bénédiction que nous avons reçue sur ceux qui nous font du mal, mais faisons-le immédiatement. Les événements quotidiens des enfants de Dieu sont dirigés d'En Haut pour qu'au travers de notre vie obéissante la bénédiction se propage vers ceux qui ne connaissent pas encore le Dieu de justice, d'amour et de miséricorde qui nous a été révélé en Jésus-Christ.


Jean-Luc B



Dans le même ordre d'idée :  

Confesser de la bouche 

Ne pas manquer le but de la louange 

Combattre, résister, vaincre

Il n'est pas nécessaire que tu meurs dans le désert






Commentaires

  1. merci pour cette belle histoire vraie, pleine d'enseignements et d'encouragements aussi.

    gloire à notre Seigneur! fidèle et bon pour ceux qui le craignent.

    Soyez bénis avec votre famille!

    CJ

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  2. Merci pour ce vécu. Cela fait prendre conscience qu’alors que les circonstances peuvent sembler noires, impossibles, fermées.. Dieu n’est pas au loin indifférent sur un petit nuage à nous laisser tout seuls à patauger, mais qu’Il est bien là présent au quotidien jusque dans les plus petites choses avec ceux qui l’écoutent, pourvoyant au coeur qui lui obéit avec confiance malgré qu’il ne comprenne pas tout.

    Etant conscient aussi que ce qui est vécu avec conviction comme étant bon pour l’un ne l’est pas alors automatiquement pour l’autre, ce qui est reçu avec la conviction de la foi par l’un dans telle circonstance qui lui est propre, peut rester complètement stérile et mort pour l’autre, alors qu’un froid copier-coller serait simplement fait à la lettre de ce qui est rapporté , plutôt qu’une conviction personnelle cherchée et trouvée par un coeur lui-même engagé par la foi .

    les voies du Seigneur ne sont pas nos voies !

    quelle sagesse infinie et créatrice que celle de Dieu! quelle grâce qui opère là où Il veut, comme Il veut à travailler au sein de coeurs réceptifs et engagés dans les endroits les plus bizarres, nauséabonds et bouchés à vue humaine
    indifféremment qu’ils soient artisans, éboueurs, pêcheurs, femmes au foyer, sans-abris, rénovateurs, manœuvres et/ou percepteurs d’impôts, militaires, mathématiciens, professeurs, informaticiens..etc

    de sorte que chacun soit un témoignage de liberté de foi vivante devant ceux du dehors là où il se trouve sans dépendre au crochet de la foi des autres


    fraternellement,
    Carole

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  3. Jacques 1:2
    Regardez comme joie toute entière
    lorsque vous tombez dans diverses épreuves

    Ephésiens 5:20
    Rendant grâces toujours et pour tout au Dieu et Père,
    dans le nom de notre Seigneur et Messie Jésus

    I Thessaloniciens 5:16-18
    Réjouissez-vous toujours
    Priez sans relâche
    Rendez grâce en tout

    Romains 8:28
    Nous savons d'ailleurs que Dieu
    fait tout travailler ensemble
    au bien de ceux qui l'aiment,
    qui sont appelés selon sa proposition

    Philippiens 4:6
    Ne vous inquiétez de rien,
    mais en toutes choses faites connaître à Dieu
    vos requêtes par la demande et la prière,
    avec actions de grâces

    Psaumes 37:4
    Fais tes délices de YaHWeH: Il te donnera ce que ton coeur demande

    Jean 14:14
    Si vous demandez quelque chose en mon Nom,
    Je le ferai.

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  4. Merci de ce partage qui m'édifie particulièrement. Leçon dont je tâcherai de me souvenir dans des circonstances analogues.La maitrise de soi est une tâche quotidienne qui devient chronique à usage journalier en face de circonstances et de personnes difficiles à supporter naturellement. Merci encore. domy

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  5. @ Domy,

    C'est à force de découvrir en parlant avec des frères et sœurs que je n'étais pas le seul à « prendre sur moi » au lieu de mettre en pratique la Nature Nouvelle que Dieu nous a donné en Christ que j'ai fini par écrire cet article qui devrait encourager ceux qui subissent passivement à mettre enfin en action les « muscles spirituels » dont le Seigneur nous a pourvu.

    Ce que je trouve surprenant, c'est que c'est notre Divin Entraineur qui nous fournit Lui-Même les « sparings partners » pour la mise en pratique. Car comment pourrait-on aimer sérieusement des ennemis virtuels ? Notre Dieu nous en fournit donc des vrais, en chair et en os, pour que nous puissions apprendre à aimer véritablement nos semblables qui nous font du mal.

    « Qui dira qu'une chose arrive, Sans que le Seigneur l'ait ordonnée? » (Lamentations de Jérémie 3 : 37.)

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