La Pentecôte Fête religieuse annuelle ou réalité quotidienne ?

Tous les ans à la même époque on célèbre dans le monde judéo-chrétien la fête de Pentecôte. Depuis plus de 3500 ans en effet, les juifs fêtent la pentecôte qu’ils appellent «Chavouot» (semaines) car elle se base sur les 7 semaines (49 jours + 1 «au lendemain du shabbat» =) 50 jours après la Pâque. C’est le souvenir de la libération de l’esclavage et de la sortie d’Égypte qui a été suivi par le don des «dix paroles» sur le mont Sinaï après 7 semaines de marche dans le désert. C’est pour eux «la fête des prémisses» car les prémisses de la récolte à venir sont présenté devant l’Éternel ce jour là et il s’ensuit une grande fête collective.

Une Nouvelle Alliance

Vers la fin du 2° siècle, les chrétiens commencent à célébrer également la Pentecôte (du grec πεντηκοστὴ = 50), et il faudra attendre la fin du 4° siècle pour que cette fête soit officiellement instituée. Mais là, c’est en souvenir de l’expérience de l’effusion de l’Esprit qui a eu lieu 50 jours après la résurrection du Christ (voir Actes 2). Pour certain théologiens, ce moment particulier marque le début de l’histoire de l’Assemblée chrétienne. En effet, c’est à ce moment là qu’ont commencé à s’accomplir les annonces prophétiques concernant la Nouvelle Alliance qui était venue remplacer l’Ancienne Alliance mosaïque :

«Voici l'Alliance que je ferai avec eux après ces jours-là, dit le Seigneur: je mettrai mes lois dans leur cœur et je les écrirai dans leur pensées» (Hébreux 10:16 - Jérémie 31:31-34)

«Je vous aspergerai d'eau pure et vous serez purifiés. Je vous purifierai de toutes vos impuretés et de toutes vos idoles. Je vous donnerai un cœur nouveau et je mettrai en vous un Souffle nouveau. Je retirerai de votre corps le cœur de pierre et je vous donnerai un cœur de chair. C'est mon Souffle que je mettrai en vous. Ainsi, je vous ferai suivre mes prescriptions, garder et respecter mes règles.» (Ézéchiel 36:25-27)

«Dans les derniers jours, dit Dieu, je déverserai de mon Souffle sur tous les êtres humains; vos fils et vos filles prophétiseront, vos jeunes gens auront des visions et vos vieillards auront des songes. Oui, sur mes serviteurs et sur mes servantes, durant ces jours-là, je déverserai de mon Souffle et ils prophétiseront.» (Actes 2:17-18 – Joël 3)

Une respiration

Dans ces différentes traductions ci-dessus, vous avez pu remarquer que j’ai traduit le mot «Esprit» par son sens premier c’est à dire par : «Souffle». Car il est facile de constater que ce que Dieu a répandu ce Jour là, ce n’est pas seulement une «Personne» (Avocat, Consolateur…), mais plus précisément un Principe de Vie, une nouvelle façon de respirer, d’échanger, avec Celui qui en est la Source. C’est littéralement une Vie nouvelle que Dieu a répandu à partir de ce jour là. Ce qui implique nécessairement une dynamique nouvelle. Car selon le principe même du souffle vital, il ne s’agit pas seulement de remplir ses poumons, mais également de les vider pour pouvoir les remplir à nouveau. N’oublions jamais que c’est cette alternance respiratoire entre l’expiration et l’inspiration (ruhach – nephesh) qui permet à la vie de se maintenir. Il n’est pas possible, ni même souhaitable, de stocker le souffle, il est au contraire indispensable de le «perdre» pour le trouver à nouveau. N’est-ce pas ce que le Maître voulait nous faire comprendre lorsqu’il enseignait :

«Celui qui cherchera à sauver son âme (psuché/ nephesh) la perdra, et celui qui la perdra la retrouvera.» (Luc 17:33)

Vu sous cet angle, la Vie éternelle n’est pas simplement un don, mais c’est également (et surtout) une manière de vivre où nous devenons acteurs (ou pas…) de la Vie reçue d’En-Haut, grâce à une forme d’échange vital avec Celui qui en est la Source. Et il est important de rappeler que cette Vie reçue se retrouve en débat continuel avec notre conscience, comme nous le précise l’apôtre Paul :

«En effet, ce ne sont pas ceux qui écoutent la loi qui sont justes devant Dieu, mais ce sont ceux qui la mettent en pratique qui seront déclarés justes. Quand des païens qui n'ont pas la loi font naturellement ce que prescrit la loi, ils se tiennent lieu de loi à eux-mêmes, bien qu'ils n'aient pas la loi. Ils montrent que l'œuvre de la loi est écrite dans leur cœur, car leur conscience en rend témoignage et leurs pensées les accusent ou les défendent tour à tour. C'est ce qui paraîtra le jour où, conformément à l’Évangile que je prêche, Dieu jugera par Jésus-Christ le comportement secret des hommes.» (Romains 2:14-16)

Des témoins vivants

Rappelons que l’Évangile de Paul était fondé sur l’annonce de la Nouvelle Alliance en Jésus-Christ et sur cette Loi intérieure que le Souffle Divin viendrait graver dans les coeurs de ceux qui croiraient. Il fait bien comprendre dans ce Texte qu’une foi sans œuvres est illusoire. Car si Dieu a répandu son Souffle, s’Il est venu habiter en nous par ce moyen, c’est pour animer notre conscience et nos actions dans le sens de «ce qui est bon, agréable et parfait» (Romains 12:2), afin que nous devenions des témoins de sa grâce au travers de la pratique quotidienne de sa Justice et de son Amour. Il est donc important de bien comprendre que cette Nouvelle Alliance amène notre conscience devant des choix et des décisions personnelles entre deux tendances opposées :

«Car la chair a des désirs contraires à ceux du Souffle, et le Souffle en a de contraires à ceux de la chair ; ils sont opposés entre eux, afin que vous ne fassiez point ce que vous voudriez.» (Galates 5:17)

«Ceux, en effet, qui vivent selon la chair, s'affectionnent aux choses de la chair, tandis que ceux qui vivent selon le Souffle s'affectionnent aux choses du Souffle.» (Romains 8:5)

Nous voyons combien il est vital de garder notre conscience bien ouverte et exercée, pour pouvoir demeurer dans une foi vivante ! C’est au point que l’apôtre décrétera :

«Cette conscience, quelques-uns l'ont perdue, et ils ont fait naufrage par rapport à la foi.» (1 Timothée 1:19)

L’apôtre Jacques ne dira pas autre chose quand il fera remarquer qu’une foi sans actions démontre son inanité et son absence de vitalité :

«Comme le corps sans âme (psuché/ nephesh) est mort, de même la foi sans les oeuvres est morte.» (Jacques 2:26)

Il est important évidemment de (re)préciser que ce ne sont pas les œuvres en elles-mêmes qui nous sauvent, mais c’est parce que nous avons reçu le Salut par la foi que nous pouvons (enfin !) faire des œuvres bonnes qui sont la démonstration dans nos existences de la Présence Divine et de sa Vie Nouvelle qui a pénétrée nos coeurs.

Une communauté nouvelle.

Il convient de remarquer que l’effusion du Souffle Divin lors de la Pentecôte a provoqué un changement formidable dans les rapports sociaux de ceux qui étaient entrés dans cette Nouvelle Alliance. Par la puissance de ce Souffle, l’amour fraternel s’est développé dans de telles proportions que même le droit de propriété s’en est trouvé balayé ! (voir Actes 4:32) On peut cependant affirmer que ce «communisme initial» n’agissait pas par la contrainte, ni par une «dictature du prolétariat», mais au travers d’une Loi de liberté, d’Amour et de Justice répandue par le Saint Souffle au milieu des disciples. Observons que, contrairement à ce qui a été institué plus tard dans certaines sociétés et certains groupes religieux ou laïques, dans l’Assemblée de Jérusalem du premier siècle il n’était pas obligatoire de partager (voir Acte 5:4), mais pour ceux qui avaient reçu cette «Loi intérieure» et qui s’y conformaient, c’était une évidence animée par l’Amour qui remplissait leur coeur.

Cependant il est malheureusement venu un moment où cette belle dynamique a commencée à disparaître à cause des résistances intérieures à l’impulsion du Souffle. Alors beaucoup d’assemblées ont succombé à la tentation de contraindre par des règles et des calculs ce qui ne pouvait plus s’obtenir dans la liberté d’une pensée renouvelée par la Puissance Divine. C’est alors que ce sont mises en place des autorités et des règles de plus en plus contraignantes. Les dîmes et les impôts ecclésiastiques ont hélas peu à peu remplacés les dons spontanés des croyants animés du Souffle fraternel du partage. Lorsque les institutions religieuses veulent sauvegarder «l’apparence de la piété, mais en reniant de qui en fait la force» (2 Timothée 3:5), c’est à dire la puissance intérieure du Souffle Saint, elles s’éloignent de la dynamique de la Nouvelle Alliance qui ne perdure que dans une libre écoute constante et personnelle de la Loi intérieure qu’Il est venu graver dans les coeurs…

«Or le Seigneur, c'est le Souffle, et là où est le Souffle du Seigneur, là est la liberté. Nous tous qui, sans voile sur le visage, contemplons comme dans un miroir la gloire du Seigneur, nous sommes transformés à son image, de gloire en gloire, par le Souffle du Seigneur.» (2 Corinthiens 1:17-18)

Selon le prophète, la révolte contre la pensée divine «attriste le Souffle» qui devient alors l’ennemi de ceux y résistent (Ésaïe 63:10). Le risque existe également dans la Nouvelle Alliance puisque Paul emploiera la même expression dans une de ses lettres (Éphésiens 4:30) :

«N'attristez pas le Saint-Esprit de Dieu, par lequel vous avez été scellés pour le Jour de la rédemption.»

Alors, direz-vous, quelles (bonnes) œuvres faudrait-il faire pour garder vivant ou renouveler ce Souffle Saint dans nos existences personnelles ? Combien d’offrandes, de mortifications, d’heures de prières, de jeûnes, de lectures de Bible, de présences aux réunions d’église et aux fêtes chrétiennes pour essayer de maintenir vivant ce Souffle en nous ? La réponse se trouve dans l’image du cep et des sarments que nous a donnée le Maître dans Jean 15 :

Demeurer en Lui

Pour avoir travaillé pendant des années dans les vignobles, je peux vous garantir qu’un sarment ne peux porter du fruit que si la sève du cep passe de façon continue vers les branches pour faire circuler sa substance vitale. Il est donc absolument nécessaire que le sarment soit continuellement attaché au cep pour ne pas être desséché. S’il n’était en communion avec le cep que 2 heures le dimanche matin, plus (éventuellement) quelques heures supplémentaires de lecture de Bible et de prières hebdomadaires, il se dessécherait forcément. Pour garder vivante en nous cette Vie divine, il n’y a donc pas de «trucs» mystiques, ni de «formules spirituelles» en 3, 7 ou 12 points qui nous servirait de guide, mais il nous faudra simplement «réapprendre à respirer» quotidiennement selon le Souffle de Vie et sous sa direction.

«Soyez toujours joyeux. Priez sans cesse, exprimez votre reconnaissance en toute circonstance, car c'est la volonté de Dieu pour vous en Jésus-Christ. N'éteignez pas l'Esprit, ne méprisez pas les prophéties, mais examinez tout et retenez ce qui est bon. Abstenez-vous de toute forme de mal.» (1 Thessaloniciens 5:16-22)

Vu sous cet angle, la prière n’est pas simplement un discours adressé à Dieu, mais c’est un véritable dialogue, un échange, où nous prenons également le temps d’être attentif à ce qu’Il veut nous dire et où nous reconnaissons nos manquements et nos résistances à ses impulsions bienveillantes. Comme nous pouvons tous le constater, le Créateur nous a doté d’une seule bouche et de deux oreilles, ce qui peut laisser à penser que nous devrions L’écouter deux fois plus que nous Lui parlons. Il est d’ailleurs à remarquer que selon le Maître le «premier et le plus grand commandement» ne nous commande pas de prier, mais d’ouvrir nos oreilles : «Écoute !» (Marc 12;29). Comme dans la vie biologique, commençons donc par inspirer avant d’exprimer. Et nous pouvons vivre cette communion et cet échange avec confiance, car le Dieu d’amour qui nous a partagé sa Vie en Jésus-Christ, nous apprendra également par son Souffle à la faire fructifier dans nos existences. Selon qu’il est écrit :

«C'est Dieu qui produit en vous le vouloir et le faire, selon son bon plaisir.» (Philippiens 2:13)

Mais n’oublions jamais que le Seigneur ne le fera pas sans nous et sans l’accord de notre conscience ! Nous pouvons donc bien évidemment célébrer la pentecôte une fois par an, mais soyons surtout continuellement attentifs la Voix du Bon Berger et à son Souffle qui veut nous enseigner et nous transformer dans notre marche quotidienne à sa suite. Ainsi nous pourrons, chacun pour notre part, entrer dans notre destinée éternelle et devenir pour ceux qui nous côtoient une source abondante de cette bénédiction imméritée que nous avons reçue d’En-Haut par la foi (Jean 7:38)

«N'abandonnez donc pas votre assurance, qui est porteuse d'une grande récompense. Oui, vous avez besoin de persévérance pour accomplir la volonté de Dieu et obtenir ainsi ce qui vous est promis.» (Hébreux 10:35-36)

Jean-Luc B

 

 

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