Petite histoire du « canon » et des apocryphes.

Ou comment on a empêché les chrétiens de fabriquer eux-même des « anticorps » contre les fausses doctrines...


Il faut bien comprendre que l'église des premiers siècles s'est trouvée devant le problème de l'apparition de différentes hérésies et qu'il était vital de réagir afin de recadrer la doctrine correctement. Mais en même temps qu'était mené ce combat logique pour l'orthodoxie, le niveau spirituel des chrétiens a eu tendance à se détériorer, à cause de l'abandon du culte selon la Nouvelle Alliance et de son remplacement par toutes sortes de rites et d'usages empruntés aux cultes païens. (Voir à ce sujet l'excellente étude très fouillée de Franck Viola sur «Le christianisme paganisé» téléchargeable ici) :



C'est ce qui a amené les « cadres » de l'église à prendre de plus en plus de pouvoir sur des ouailles de moins en moins sanctifiées... et à établir de plus en plus fermement et durablement une caste de dirigeants qui dominait sur le bas-peuple et que l'on a appelé : le clergé. C'est à ce moment là que se sont généralisés les abus de pouvoir dans l'Église, car les chrétiens n'étaient plus vraiment des frères, puisque certains des « cadres » s'étaient arrogés le titre de « père ».
Les relations n'étaient donc plus simplement horizontales (entre frères), mais avaient pris des aspects verticaux (relation père-fils).


De ce glissement vers un système hiérarchisé est venu l'idée que ce devait être les « pères » (le clergé) qui décideraient de la nourriture que devaient recevoir les « enfants » (les laïques). Mais cette idée n'est pas chrétienne! En effet, l'idée d'un « canon », qui serait une liste limité des Textes inspirés, est totalement absente de la pensée biblique. De plus, la séparation en deux classes (clergé-laïques) n'existe pas dans les enseignements de la Nouvelle Alliance. A ce sujet, voir le billet : « Dans quelle Alliance sommes-nous? » .

S'il existe dans l'église une forme de hiérarchie, (les « hommes- dons » de Eph. 4.), elle n'est cependant pas composée de « pères » dominateurs, mais de frères ayant simplement reçu des fonctions spécifiques pour les mettre au service de la croissance de l'ensemble du Corps :

« Mais vous, ne vous faites pas appeler maitre; car un seul est votre Maître, et vous êtes tous frères. Et n’appelez personne sur la terre votre père; car un seul est votre Père, celui qui est dans les cieux. Ne vous faites pas appeler directeurs; car un seul est votre Directeur, le Christ. Le plus grand parmi vous sera votre serviteur. » (Mat. 23. 8 à 11.)

Dieu a pourvu de dons particuliers certains hommes pour amener leurs frères (et non pas leurs « fils »!) « à l'état d'adultes en Christ. » (Eph. 4. 13.) Mais il ne leur a jamais donné l'autorité de limiter le nombre de livres qui devaient être lus par le peuple de Dieu. Car ce n'est pas de cette façon qu'on amène quelqu'un à exercer son discernement, mais c'est plutôt en lui faisant connaitre Celui qui est la vérité, afin de donner à chacun la capacité de refuser l'erreur par une réflexion et une action personnelle, qui seront issues d'une relation vivante avec le « seul médiateur entre Dieu et les hommes » (1 Tim. 2. 5.), notre Sauveur et Seigneur : Jésus Christ.

« la nourriture solide est pour les hommes faits, pour ceux dont le jugement est exercé PAR L’USAGE à discerner ce qui est bien et ce qui est mal. » (Heb. 5. 14. Colombe)

Là où la Parole recommande l'exercice d'un discernement personnel, le système religieux lui a imposé des décisions unilatérales prises par un collège de « pères » qui ont carrément interdit et brûlé les livres qu'ils désapprouvaient. Et voilà comment des générations de chrétiens ont été (et sont encore aujourd'hui) infantilisés par des clercs qui les ont privés de la possibilité d'exercer un discernement personnel !
C'est comme ça que nous nous retrouvons aujourd'hui des gens (même dans les milieux évangéliques), qui continuent à défendre bec et ongles un « canon » limité à 66 livres ("nombre d'homme") imposé par ce système pyramidal infantilisant.

Pour la petite histoire, savez-vous que les livres deutérocanoniques (qui se trouvent encore actuellement dans les Bibles catholiques) n'ont été supprimés des Bibles protestantes qu'à la fin du 19° siècle ? Jusqu'à cette suppression (due à un ultimatum de la société Biblique britannique), ils figuraient à la fin des Bibles protestantes avec des caractères différents et plus petits, pour bien marquer leur infériorité d'avec les Textes reconnus comme inspirés. Ils étaient agrémentés de notes qui montrait leurs passages erronés ou non scripturaires. Mais même cette petite possibilité d'exercer une capacité de discernement a été enlevée au peuple à la fin du 19° siècle...


Cependant, au milieu de cette puissante mécanique infantilisante, un grain de sable et venu gripper quelques rouages : la découverte des rouleaux de Qumran.


Ces livres interdits et détruits après le concile de Laodicée (363), ont été retrouvés miraculeusement conservés en 1947 dans des grottes au bord de la mer Morte. Ils ont pu être datés et déchiffrés. Ils nous ont fait redécouvrir tout un aspect prophétique ignoré de la littérature qui a précédé la venue du Christ.


Je ne prétends pas que la totalité des livres « deutérocanoniques » et des livres « apocryphes » soient inspirés, je proclame simplement que ceux qui ont été « doués » par l'Esprit pour nous faire parvenir à la maturité en Christ ne nous interdiront pas leur lecture, mais nous donneront les outils pour y discerner par nous-même leur inspiration ou leur non-inspiration.


Cependant ce que je remarque, c'est que souvent, ceux qui pensent être les seuls capables de discernement veulent se poser en censeurs en interdisant la lecture de ces livres. Allant même souvent jusqu'à interdire d'en parler sur les forums chrétiens. D'autres, un peu plus modérés, ne les interdisent pas, mais mettent tellement en garde contre leur lecture, qu'on en revient pratiquement à la même « mise à l'index » qui a été employée abusivement par le système romain pendant des siècles pour infantiliser les masses qui étaient sous son pouvoir...

Il y a maintenant plus d'un siècle que les Bibles protestantes ne sont plus édités avec les livres deutérocanoniques et que les lecteurs protestants n'ont donc même plus la possibilité d'y exercer un peu leur discernement. Constatation sans appel : les déviations doctrinales ont été beaucoup plus nombreuse pendant ce siècle, que pendant les 4 siècles précédents. Les raisons en sont sûrement multiples, mais l'infantilisation des lecteurs de la Bible privés d'exercices de discernement en a probablement été un phénomène aggravant...

Derrière cette façon de faire, se cache l'un des principes de base du système Babylonien qui est la privation de la maturité et la castration. Ce principe vise à amputer les « enfants virils » pour les maintenir en était de sujétion, ou carrément à les faire disparaître, de façon à les empêcher de parvenir à l'état d'homme faits, de chrétiens adultes en Christ (Voir Ex. 1. 22 – Mat. 2. 16 – Apoc. 12. 4-5.). Ce principe babylonien est toujours puissamment à l'oeuvre dans tous les groupes et les systèmes qui n'ont pas abandonnés la structure et les fonctionnements non-scripturaires de l'assemblée. Chacun pourra le constater en regardant autour de lui et peut-être même en lui...


« Malheur à vous, docteurs de la loi! parce que vous avez enlevé la clef de la science; vous n’êtes pas entrés vous–mêmes, et vous avez empêché d’entrer ceux qui le voulaient. » (Luc 11. 52.)



« Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites! parce que vous fermez aux hommes le royaume des cieux; vous n’y entrez pas vous–mêmes, et vous n’y laissez pas entrer ceux qui veulent entrer. » (Mat. 23. 13.)



A ceux qui n'aiment pas les séparations et qui trouvent plus simple de rester à Babylone , je voudrais faire remarquer que l'appel à en sortir « afin de ne pas participer à ses péchés et de ne pas recevoir de ses plaies » (Apoc. 18. 4.) à retenti depuis bientôt 2000 ans et qu'il serait temps d'y obéir ! Les 70 ans de captivité à Babylone sont terminés depuis longtemps et l'Autel doit être relevé sur ses bases, c'est à dire hors de Babylone !



Il existe des livres prophétiques anciens qui ont été écartés du canon pour de mauvaises raisons. A ce propos il est intéressant de remarquer la façon dont Paul parle des Textes sur lesquels il s'appuie dans sa prédication de l'Évangile et dans ses exhortations :


« rendant témoignage devant les petits et les grands, sans m’écarter en rien de ce que les prophètes et Moïse ont déclaré devoir arriver » (Actes 26. 22.)


Remarquons la tournure étonnante de cette phrase qui place les prophètes avant Moïse, alors que dans la tradition rabbinique la loi précède les prophètes. J'y vois un indice que les prophètes dont parlait Paul étaient antérieurs aux écrits de la Loi. Comme Hénoc et quelques autres écrits que le système babylonien, au travers des pharisiens et des « pères de l'église », ont interdits et brûlés pour les enlever au peuple à qui ils avaient été destinés...

Des Textes Inspirés que les Béréens devaient probablement également consulter pour voir si ce que disait Paul était selon l'analogie de la foi (Actes 17. 11.)

Il n'est évidemment pas question de « rajouter » à l'inspiration des Textes qui sont dans nos Bibles, et que tout les enfants de Dieu s'accordent à reconnaître comme étant « Parole de Dieu ». Mais il peut s'agir de « retrouver » ces témoins interdits de parole pendant plus de 1600 ans par le système religieux. Il est alors possible à chacun de constater s'ils s'accordent vraiment avec l'Écriture Sainte, pour annoncer et proclamer la venue du Christ, son incarnation, son règne et le jugement qui vient.


Ceux qui ont un véritable désir de justice n'empêcheront pas un témoin de s'exprimer devant un tribunal. Ne les disqualifiez donc pas avant de les avoir lus et sondés sans préjugés. Ce genre d'exercice vous permettra de développer vos capacités de discernement et vous permettra d'acquérir une santé spirituelle qui fera la différence devant les vagues de séduction que se succèdent de plus en plus.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Canon_%28Bible%29


Jean-Luc

Commentaires

  1. mmm... j'avais jamais réfléchi là-dessus. Il est vrai que nous considérons souvent les conclusions des conciles des chrétiens des 1ers siècles avec un grain de sel et qu'on constate facilement la déviation graduelle du christianisme vers le catholicisme de Constantin dans ces conciles, mais nous acceptons sans broncher qu'ils aient fixer le "canon", alors que nous rejetons plusieurs éléments de ces conciles...

    J'ai fouillé un peu dans wikipedia à propos du canon... c'est fort intéressant...

    Maintenant, il est bien certain que dans une église institutionnelle, il est vital d'avoir un texte "canonique".

    Mais comment interprète-t-on le verset de 2 Timothée 3:16-17 ??: "Toute Écriture est inspirée de Dieu, et utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice, afin que l'homme de Dieu soit accompli et propre à toute bonne oeuvre."

    apparemment, je ne les ai pas lu, que la "qualité" et "l'intérêt" des apocryphes n'arrivent pas à la cheville des livres canoniques... je ne sais pas.

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  2. Nous autres, évangéliques, nous sommes au bénéfice de tout le combat que nos ancêtres ont accomplis au moment de la Réforme. Cette véritable lutte à mort, consistant à s'affranchir du pouvoir déviant et abusif de Rome, s'est appuyé sur cinq déclarations fondamentales.

    Sola fides = une seule foi. (Eph. 4. 5.)
    Sola gratia = la grâce seule (Eph. 2. 8-9.)
    Sola scriptura = l'Ecriture seule. (Jean 8. 31. 1 Cor. 4. 6. )
    Solus Christus = Christ seul. (Rom. 5. 17. 1 Tim. 2. 5. Jude 1. 25. )
    Soli Déo gloria = pour la seule gloire de Dieu. (Eph. 1. 12. 1 Tim. 1. 17.)

    Nous savons tous que c'est la troisième déclaration (« l'Ecriture seule ») qui nous a affranchi de pouvoir de la « tradition » Romaine et de ses rajouts non scripturaires.

    L'autorité des Écrits Inspirés a été placée au dessus des autorités ecclésiastiques et les moyens de l'imprimerie et des traductions en « langage vulgaire » (qui l'ont mise à la portée du peuple) ont permis à tous ceux qui voulaient consulter la volonté de Dieu écrite dans ses pages de savoir à qui ils avaient à obéir. Car comment « obéir à Dieu plutôt qu'aux hommes » (Actes 5. 29.) si nous ne connaissons pas Sa volonté exprimée dans les Saintes Lettres ?


    Cependant, quand on cherche à comprendre des passages difficiles de l'Écriture, on est souvent confrontés à des problèmes de traduction. Le Texte de 2 Timothée 3. 16, (que tu donnes ci dessus) a connu au cours des âges des variantes de traduction qui suivaient un but argumentaire qui ne les ont pas forcément gardé au plus près de la version originale.

    En cherchant à renforcer la troisième des cinq proclamations de la Réforme (« sola criptura » = « l'Écriture seule ») les traductions protestantes de cette époque se permettent de rajouter l'article « l' » (qui est pourtant absent en grec) et aussi de mettre une majuscule à « écriture » ce qui donne : « l'Ecriture ». Pourtant, là aussi, le grec n'a pas de majuscule...

    « Toute l’Escriture est divinement inspirée, et profitable à endoctriner, à convaincre, à corriger, et à instruire selon justice » (traduction de Genève 1669)

    « Toute l’Écriture est divinement inspirée, et utile pour enseigner... » (Martin et Ostervald)

    Darby voulant coller davantage au Texte grec va supprimer le « l' » ainsi que la majuscule, mais sans clarifier beaucoup le sens de la phrase:

    « Toute écriture est inspirée de Dieu, et utile pour enseigner... » (Darby)

    En effet, si on se contente de cette version, on pourrait croire que toute la littérature (les romans policiers ou même les écrits sataniques...) seraient inspirés de Dieu. Or nous savons tous que les paroles écrites ou imprimées ne sont pas toutes «  inspirées de Dieu », loin de là !

    Il me semble que c'est Chouraki qui traduit cette phrase de la manière la plus proche du reste des Écrits Inspirés :

    « Tout écrit inspiré par Elohîms est utile pour l’enseignement... » (Chouraki)

    Dans ma Bible d'étude, il est précisé qu'il est possible -sans trahir le grec- de traduire en français actuel :

    « Toute écriture inspirée de Dieu est utile pour l'enseignement, pour démontrer, remettre en état, éduquer dans ce qui est convenable... »

    Cette traduction me semble s'accorder avec le reste de l'Écriture et aussi avec ce que chacun de nous avons pu expérimenter à la lecture d'une prédication, d'un courrier ou d'un livre de témoignage ou d'édification.

    Il ne s'agissait pas forcément d'un texte littéral du « canon », mais néanmoins d'une parole inspiré qui nous a « enseigné, exhorté, remis en état ou éduquée dans la justice » de Dieu.

    Attention ! Il est important de préciser qu'aucune doctrine nouvelle ne peut venir de nouveaux écrits. Les « écriturs inspirées de Dieu » ne peuvent que s'accorder avec les témoignages qui les ont précédés (les Textes Inspirés contenus dans la Bible) et qui sont reconnus pour vrais par tous ceux qui ont reçu le salut. Comme le dit très bien Paul :

    « rendant témoignage devant les petits et les grands, SANS M’ÉCARTER EN RIEN DE CE QUE LES PROPHÈTES ET MOÏSE ONT DÉCLARÉ DEVOIR ARRIVER » (Actes 26. 22.)

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  3. Paul écrit sa lettre à Timothée, l'encourageant à s'appuyer fidèlement sur les écritures inspirées de Dieu qu'il a apprises dès son enfance face à l'apostasie qui arrive.

    A ce moment-là, il parle donc des rouleaux inspirés écrits avant la venue de Jésus.
    Le NT ( le canon) n'existant pas encore à cette époque, et même cette lettre n'en faisait pas encore partie.

    Cependant, ces versets de Paul à Timothée concernent TOUT écrit inspiré d' En-Haut s'accordant avec les autres textes inspirés.

    '' Mais toi continue dans les choses que tu as apprises, et dont tu as été convaincu, sachant de qui tu les as apprises, et que depuis l’enfance tu as connu les saintes écritures, qui peuvent te rendre sage jusqu’au salut par la foi qui est en Christ Jésus.
    Toute écriture est donnée par l’inspiration de Dieu, et est utile pour la doctrine, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la droiture;
    Afin que l’homme de Dieu soit perfectionné, et totalement équipé pour toute bonne œuvre.'' ( 2 Tim.3 :14-17 / vers. King James )

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  4. Une étude intéressante et très fournie sur la manière dont s'est formée le canon du Nouveau Testament :

    http://www.tj-revelation.org/La-formation-du-Canon-Neo

    Attention ! Ça ébranle certaines "certitudes" mal fondées, mais la vérité y gagnera en profondeur et en solidité.

    Jean-Luc

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