Le mystère des 2 Pâques
La question des deux dates de Pâque dans les évangiles lors de la crucifixion.
«Le
premier jour des pains sans levain, où l'on immolait la Pâque, les
disciples de Jésus lui dirent: Où veux-tu que nous allions te
préparer la Pâque ?»
(Marc 14. 12 et Luc 22. 7-8). Or il est surprenant de constater que
le lendemain de cette Pâque, nous apprenons que «la
Pâque des juifs»
aurait lieu le jour suivant (Jean 19 : 14 et 31) !
Nous nous trouvons donc dans la même semaine devant 2 fêtes de
Pâque distantes d'une journée ! D’un côté, il y a celle que le
Christ prend avec ses disciples dans la chambre haute, mais il y a
également la fête «officielle» qui a eu lieu le lendemain de la
crucifixion. Ce
jour -le
premier jour des pains sans levain-
était un «sabbat
exceptionnel»
(Exode 12, 16.). Nous pouvons donc en déduire que nous avons cette
année là dans le «calendrier officiel» deux jours chômés qui se
succèdent : le vendredi «sabbat
exceptionnel»
de Pâque et puis le samedi, qui est un sabbat ordinaire. Ce n’est
qu’au 4° siècle, dans un contexte de conflit avec le
christianisme, que Hillel II décrétera que deux jours de sabbats ne
peuvent pas se suivre. Il est à remarquer qu'il est écrit dans le
premier évangile, lorsque les femmes vont au tombeau «après
LES
sabbats,
à l’aube du premier jour de la semaine»,
Mathieu 28, 1 emploie le terme grec «sabbatôn»
qui est un pluriel : «après
LES sabbats»…
mais nos traductions pour simplifier les choses ont préféré écrire
«sabbat»
au singulier, ce qui n’aide pas à la compréhension de la
chronologie de ces évènements.
Avant la découverte du
calendrier solaire des Jubilés
retrouvé à Qumran il était impossible de comprendre le décalage
d'une journée entre la Pâque de la Cène que Jésus a mangé avec
ses disciples et «la
Pâque des juifs»
dont nous parle Jean et qui a eu lieu le lendemain.
En
nous rappelant que chez les juifs le jour commençait le soir et que
la Pâque devait être immolée «entre
les deux soirs »
du 14 Nisan, nous pouvons donc en comprendre que le dernier repas du
Seigneur a eu lieu dans la nuit du mercredi au jeudi. Or nous savons
maintenant que dans le
calendrier solaire des anciens hébreux, l’année commençait à
l’équinoxe de printemps, toujours un mercredi, et le 14 Nisan (2
semaines plus tard) était donc lui aussi un mercredi.
Pour bien comprendre la chronologie des évènements, il nous est nécessaire de partir du seul jour qui est nommé précisément dans les évangiles : «le premier jour de la semaine», c’est à dire le dimanche matin, le jour de la résurrection. A partir de ce matin de Pâque, il nous faut, selon les paroles du Christ, revenir «trois jours et trois nuits» en arrière pour connaître le jour de la crucifixion et de la mise au tombeau. Trois jours et trois nuits plus tôt nous ramènent au jeudi, qui serait donc le jour de la crucifixion. La Cène avec les disciples dans la chambre haute aurait donc eu lieu dans la nuit du mercredi au jeudi. Car la déclaration du Christ est claire et nous donne des indications fiables :
«Car comme Jonas fut dans le ventre d’un grand poisson trois jours et trois nuits, ainsi le Fils de l’homme sera dans le sein de la terre trois jours et trois nuits.» (Mat. 12; 40)
Il n’est pas écrit «après 3 nuits et 3 jours». Puisque selon ces paroles la nuit est la dernière échéance de son séjour au tombeau, la résurrection n’a donc pas pu avoir lieu le soir du samedi, mais à la fin de la nuit du samedi au dimanche. Dans la chronologie des évènements que nous pouvons calculer en partant du jour de la résurrection (le dimanche) et en comptant à rebours les «3 jours et 3 nuits» au tombeau, la déclaration littérale du Christ correspond avec le calendrier solaire des Jubilés, puisque la Cène aurait eu lieu dans la nuit de mercredi à jeudi et que l’arrestation, la condamnation et la crucifixion auraient bien eu lieu pendant la journée du jeudi.
Le «vendredi saint» qui est fêté actuellement comme étant le jour de la crucifixion, ne date pas des débuts du christianisme, mais des siècles suivants où a émergé l’envie de fabriquer des «fêtes chrétiennes» à partir du calendrier juif. Une sorte de calendrier juif christianisé qui suivait les décrets rabbiniques et qui a cohabité sous cette forme jusqu’à la rupture avec le judaïsme du concile de Laodicée vers 364 où l’idée d’un calendrier religieux est restée, mais où le pouvoir de décréter ses dates a été récupéré par le pouvoir romain.
Le
calendrier solaire des anciens hébreux
La
fête de Pâque était soumise à un calendrier très précis : «le
quatorzième jour du 1° mois entre les deux soirs»
et il s’agissait «d’une
loi perpétuelle»
(voir Exode 12.). Ce qui veut dire qu’on ne pouvait par en changer
les dates en fonction des besoins ou des idées. Il a
donc
bien fallu qu’il y ait eu deux calendriers différents (qui ne
calculaient pas les dates de la même manière) pour que la Pâque
soit fêtée à deux dates différentes séparée d'une
journée.
D'après les données dont nous disposons
aujourd'hui,
on n'est plus tellement certains qu'il s'agisse d'un calendrier
«essénien», mais bien plutôt de l'ancien
calendrier hébreu d'avant la captivité.
Il a toujours été présent dans la Bible éthiopienne et les
manuscrits de Qumran nous ont permis de (re)découvrir qu’il
existait bien avant la naissance du Christ. C’était
un calendrier solaire de 364 jours composé de 4 trimestres de 91
jours (2 mois de 30 jours +
1 mois de 31 jours). Selon ce calendrier, l’année commençait à
l’équinoxe de printemps et la Pâque avait lieu le 14° jour de ce
mois. Selon cette
tradition, le
premier jour de l’année était toujours un mercredi (le 4° jour
de la création où Dieu a fait les luminaires «pour
marquer les temps»).
Ce qui veut dire que le 14 Nisan était lui aussi un mercredi,
puisqu’il avait lieu
2 semaines de 7
jours après le
début de l’année.
D’après le calendrier solaire des Jubilés, la premier jour du premier mois est forcément un mercredi (4° jour = création des luminaires). Le 14° jour du mois (1° jour des pains sans levains) est donc forcément aussi un mercredi. Si nous considérons que le Seigneur suivait ce calendrier et que nous reprenons les Textes de Marc et de Luc, c’est donc le mercredi soir que Jésus aurait mangé la Pâque avec ses disciples, donc au commencement de la journée du Jeudi (qui commence chez les juifs après le coucher du soleil) le 15 Nisan.
La plupart des chercheurs modernes qui se sont penchés sur la question ont aujourd'hui admis que le Christ ne suivait pas le calendrier luni-solaire du Temple D’Hérode, mais le calendrier solaire des anciens hébreux. Ce qui s'observe par le fait que selon les évangiles, Jésus mangea la Pâque avec ses disciples une journée avant la Pâque du Temple. Il faut comprendre qu’à leur retour de leur captivité babylonienne, les juifs avaient apporté dans leurs bagages le calendrier luni-solaire qui était en usage à Babylone.
Le
calendrier solaire de 364 jours retrouvé à Qumran commençait
toujours le premier mois de l'année par un mercredi, ce qui fait que
dans
ce calendrier
le
15 Nisan
tombait forcément un Jeudi. D'après les évangiles c'est ce jour où
Jésus a été arrêté, jugé, crucifié et mis au tombeau. Si on
rajoute les «3
jours et 3 nuits dans le coeur de la terre»
que le Christ avait annoncé, on en arrive précisément
au
dimanche matin de la résurrection.
Et comme nous avons le témoignage unanime des premiers chrétiens concernant le dimanche comme étant le jour de la résurrection, il nous suffit donc de compter à rebours «trois nuits et trois jours» pour connaître le jour de la mort de Jésus et de sa mise au tombeau : le jeudi en fin d’après midi. Si l’on ne s’obsède pas sur un compte avec des jours de 24 heures, nous avons donc la mise au tombeau qui a lieu le jeudi avant 18h00 (1° jour), le journée pleine de vendredi (sabbat exceptionnel de Pâque, 2° jour) et de samedi (3° jour), plus la nuit du samedi au dimanche (3° nuit)
La parole du Christ est claire : «Car comme Jonas fut dans le ventre d’un grand poisson trois jours et trois nuits, ainsi le Fils de l’homme sera dans le sein de la terre trois jours et trois nuits.» (Mathieu 12; 40)
Il n’est pas écrit «après 3 nuits et 3 jours». Puisque selon sa déclaration, la nuit est la dernière échéance du séjour au tombeau, la résurrection n’a donc pas pu avoir lieu le soir du samedi, mais après la nuit du samedi au dimanche (à la fin de la 3° nuit).
Digression
historique.
Nous
savons par les découvertes de Qumran qu’aux moments de la
naissance de Jean-Baptiste et du Christ il existait une communauté
israélite qui s’était séparée de la religion juive officiant au
Temple et qui se regroupait au nord de la Mer morte. A cette époque,
il existait plusieurs courants religieux qui cohabitaient dans le
judaïsme et il semblerait qu’une rupture se soit faite entre deux
de ces courants au moment ou Juda Macchabée avait saisi le
trésor
du temple pour lever une armée contre les romains. Certains
documents nous parlent d’un «grand-prêtre Jean» qui à ce moment
là aurait quitté le Temple en prenant avec lui des
fidèles et aurait formé une communauté dissidente de «purs»,
dans
les déserts de Judée. Au delà de la saisie de l’or du Temple, il
semble bien qu’il y avait d’autres sujets de griefs qui
expliqueraient cette rupture, en particulier un conflit de
calendrier.
On
peut supposer que Jean-Baptiste faisait partie de cette dissidence,
puisqu’à 30 ans, (l’âge où les sacrificateurs entrent
dans leur fonction au
Temple, voir Nombres 4), lui va
aller officier dans les déserts en appelant à un retournement des
coeurs. Rappelons
qu’il est d’une famille
de sacrificateurs (descendante
d’Aaron), proche parent de
la mère de Jésus et qu’il est né environ 6 mois avant Lui. Or
les évangiles nous apprennent que
«Jésus
avait environ 30 ans»
lorsqu’il se fit baptiser par son cousin dans le Jourdain (Luc 3;
23).
Dans
une religion, une partie du pouvoir des prêtres provient de
l’autorité exercée pour décréter les dates des fêtes
religieuses et agricoles. Or nous le disions plus haut, nous savons
qu’en
revenant de Babylone,
les juifs avaient
apporté dans leurs bagages un
calendrier différent de celui des anciens israélites. D’après le
«Livre
des Jubilé»
retrouvé à Qumran, l’ancien
calendrier
hébreu commençait
toujours un mercredi (le 4° jour de la Création, lorsqu’
apparaissent les «horloges» célestes : le soleil, la lune et
les étoiles). Comme le calendrier
des
Jubilés était basé uniquement sur l’observation du soleil, des
solstices et des équinoxes, il permettait aux
semailles
et aux récoltes de tomber aux bons moments de l’année.
Mais
le calendrier rapporté de Babylone était un calendrier luni-solaire
assez compliqué qui tenait compte des phases de la lune et qui, à
cause de cela ne
commençait pas l’année à une date solaire fixe.
Il fallait donc rajouter un mois supplémentaire (30 jours)
approximativement
tous les 3 ans pour que les semailles et les récoltes soient faites
aux bons
moments.
Ces deux
modes de calculs amenaient donc à décréter des dates différentes
pour les différentes fêtes instituées par Moïse.
Il
faut également voir une lutte de pouvoir dans la rupture totale du
christianisme avec le judaïsme qui a inspiré les décrets du
concile de Laodicée et qui a repris à son compte les calculs du
calendrier romain (Julien). C’est pour cela qu’aujourd’hui
encore les dates de Pâques des
différents
calendriers
chrétiens
et juifs ne correspondent pas forcément tous
les ans…
Pour
résumer, nous savons maintenant que
dans la Judée du temps de Jésus il y avait deux calendriers
israélites différents qui «cohabitaient». Le calendrier solaire
des
fidèles hébreux qui suivaient le principe de rupture du prêtre
Jean, et le calendrier luni-solaire issu
de Babylone et suivi par les prêtres nommés par les romains, qui
était le calendrier officiel au
Temple. C’est
en suivant le «calendrier
des Jubilés»
que le Christ a mangé la Pâque le mercredi soir (14° jour du 1°
mois de l’année chez les anciens israélites). Un
indice supplémentaire nous est apporté par l’indication de
l’emplacement de la «chambre
haute»
où s’est
passée la Cène : «Et
il envoya deux de ses disciples, et leur dit: Allez à la ville ;
vous rencontrerez un
homme portant une cruche d'eau,
suivez-le. Quelque part qu'il entre, dites au maître de la maison:
Le maître dit: Où est le lieu où je mangerai la Pâque avec mes
disciples ? Et il vous montrera une grande chambre haute, meublée et
toute prête: c'est là que vous nous préparerez la Pâque.»
(Marc 14; 13-15) Dans les usages culturels de cette région, porter
l’eau était une
activité réservée aux femmes, sauf évidemment dans les
communautés composée uniquement d’hommes, comme c’était le cas
de celle de Qumran !
Tout
porte à croire que
le Christ a mangé cette Pâque dans la maison d’un sympathisant de
cette communauté,
qui employait précisément lui aussi le calendrier solaire des
anciens hébreux.
Pour
les théologiens des siècles suivants,
qui
n’avaient pas connaissance de l’usage concomitant de deux
calendriers à l’époque du Christ, il fallait absolument trouver
une certaine logique dans les récits des évangiles. C’est ainsi
que
certains
chercheurs ont supposé que le Christ aurait décidé d’avancer
d'une
journée la Pâque qu’il avait mangé
avec
ses disciples. Mais c’est oublier qu’il était
impossible
à
quelqu'un
de respectueux de la Loi de différer
la
date de la Pâque, puisque l'immolation de l'agneau devait
impérativement
avoir lieu «le
14 jour du premier mois entre les deux soirs»
et qu'il devait être consommé avant le lendemain matin. C'est ce
que le Christ a fait.
Mais ceux qui ne connaissaient pas l’existence de ces deux
calendriers différents ont cherché au cours des siècles toutes
sortes d’explications plus ou moins boiteuses pour essayer de faire
disparaître ces apparentes contradictions.
L’historienne Anne
Jaubert qui s’est beaucoup penchée sur ce sujet, dans un article
consultable sur le net : «La
date de la dernière Cène»,
relève plusieurs de ces «traditions» différentes mais n’arrive
pas, elle non plus, à départager la «bonne source» des autres.
Elle parle de «contradictions» dans les Textes des évangiles.
Personnellement je
ne vois pas trop où Annie Jaubert trouve des contradictions dans les
récits des évangiles. Sauf si elle est restée bloquée avec une
crucifixion traditionnelle
le
vendredi saint. Mais
alors les paroles du Christ se comparant à Jonas ne peuvent pas être
crues littéralement.
Et les deux dates de
Pâque dans la même semaine restent inexplicables.
L’étude
de S Mierlo intitulée : «L’ancien
calendrier des Hébreux»
(consultable aussi sur le net), explique bien différents aspects
techniques des décalages entre ces 2 calendriers, même s’il
n’arrive malheureusement pas non plus à croire et à intégrer la
parole du Christ rapportée dans Mat. 12. 40, ce qui l’amène à
calculer une résurrection le samedi. C’est à dire après
seulement deux nuits au tombeau, ce qui ne correspond pas non plus à
la chronologie précise que le Christ a pourtant exprimé
clairement…
Comprenons-nous
bien, il ne s’agit pas d’un «nouveau
calendrier», mais de l’ancien
calendrier solaire hébreu que
l’on trouve dans le «Livre
d’Hénoch» et le
«Livre des
Jubilés». Ces
livres sont présents depuis
2 millénaires dans la Bible éthiopienne et des exemplaires encore
plus anciens, datant du 2° siècle avant l’ère chrétienne
ont été retrouvés à
Qumran. C’est
grâce à la (re)découverte de ce calendrier des anciens hébreux
que peut enfin s’expliquer ce décalage d'une journée entre la
Pâque que le Christ a mangé avec ses disciples la veille de sa
crucifixion et la «Pâque
des juifs»
qui a été célébrée le
soir de sa mise
au tombeau. Beaucoup
de chrétiens ignorent malheureusement ces choses, qu’ils soient
juifs messianiques ou pas. Mais en relisant tout ce qui est dit plus
haut on peut comprendre un peu mieux la chronologie de Pâque
expliquée dans les 4 évangiles.
Résumons
les dates de Pâque.
- Jésus mange la Pâque de l’ancien calendrier hébreux des Jubilés avec ses disciples le mercredi soir 14 Nisan ;
- Il est arrêté dans la même nuit de mercredi à jeudi, jugé, crucifié et mis au tombeau le jeudi avant le coucher du soleil ;
-
La «Pâque
des juifs»
est célébrée le jeudi soir après le coucher du soleil, donc au
début de ce vendredi
qui était donc
un «sabbat
exceptionnel».
Le jeudi de cette année là serait donc le
jour de l’immolation des agneaux de Pâque dans le Temple
selon
le calendrier luni-solaire en vigueur dans le Temple
d’Hérode.
Il
faut savoir que dans la tradition juive le jour commence le soir vers
18h00, après le coucher du soleil.
On
peut donc dire que le repas pascal, l’arrestation, la condamnation
et la crucifixion ont lieu pendant la journée du jeudi, qui a
commencé le mercredi soir au coucher du soleil et qui s’est
achevée le jeudi avant le coucher du soleil par la mise au tombeau.
Remarquons
que l’Agneau de Dieu n’est pas immolé
à la date
du calendrier
traditionnel des anciens hébreux
qu’il observe
pourtant, mais il va être crucifié le jeudi, c’est à dire une
journée après
l’immolation du mercredi selon le
calendrier des
Jubilés, mais le
même jour que
l’immolation au
Temple dans le calendrier luni-solaire de «la
Pâque des juifs».
On
dirait que le Saint Esprit s’est organisé pour qu’il ne soit pas
possible de célébrer
une
fête de Pâque «chrétienne»
qui
tomberait à une
date précise d’un
calendrier
religieux qui soit conforme à la Loi de Moïse !
L’auteur
de l’épître aux Hébreux nous donne à ce sujet une piste de
réflexion intéressante lorsqu’il écrit que lors de son Culte «le
Christ a souffert hors de la porte»
(Hébreux 13) et qu’il nous appelle à le suivre dans cette même
dynamique. Sortir
du Temple, sortir de la ville sainte, sortir des schémas
prophétiques du calendrier religieux («en
imitation du
véritable»)
pour entrer dans la réalité d’une Vie
nouvelle en Christ où le jour du repos de
Pâque n’est plus «exceptionnel» une fois par an, mais
doit devenir une réalité
quotidienne (Hébreux
4; 7)… On
retrouve ce même principe d’extraction (que
j’aborde dans une autre étude)
dans
la cène du pain et du vin de Melchisédek qui sort de Jérusalem
lors
sa rencontre avec Abraham victorieux. Le même principe se retrouve
également dans le sens premier du mot «église»
qui signifie «rassemblé
en dehors».
Le
Bon Berger appelle
ses
brebis hors
de
la bergerie et son cadre sécurisant
afin qu’elles
puissent le
suivre par la foi
dans les pâturages
d’un quotidien
rempli de sa Présence
(Jean 10; 3)
C’est
pourquoi cette recherche sur
les différents calendriers en usage à la mort du Christ ne devrait
pas ébranler notre foi. Cette étude nous permet simplement de
montrer que les Textes de nos Bibles sont fiables, même si nous
n’avons pas toujours eu à notre disposition les explications
techniques permettant de dissiper les apparentes contradictions
qu’ils contiennent. Il nous reste à recevoir simplement en toute
confiance ces Textes Inspirées, sachant qu’ils sont dignes d’être
reçus. Ils changent la vie de ceux qui les reçoivent avec foi et
c’est cela le principal !
Fêter
Pâque tous les ans, ou chaque jour ?
En
voyant les difficultés historiques auxquelles nous nous heurtons
pour
arriver à dater précisément la
Pâque annuelle au vue des différents calendriers à notre
disposition, il ne nous reste plus qu’à essayer de tirer les
leçons qui s’imposent. D’autant plus que cette année nous nous
trouvons exceptionnellement dans l’impossibilité de célébrer la
Pâque dans les lieux qui lui étaient consacrés depuis des
siècles.
Dans
les principes de la Nouvelle Alliance nous ne sommes plus dans la
pérennisation d’un calendrier annuel qui n’était que «image
et ombre des réalités spirituelles»
(Hébreux 8; 5). Ces fêtes peuvent parfois nous être utiles pour
nous rappeler certaines vérités spirituelles oubliées, mais elles
nous voilent bien souvent sur les nécessaires transformations qui
devraient se manifester dans
notre existence quotidienne. Car
la vie de disciple est destinée à être une
incarnation journalière de
ces réalités du salut où nous pouvons, par la foi,
entrer paisiblement
«dans
des oeuvres bonnes que Dieu a préparées d’avance afin
que nous y marchions»
(Éphésiens
2; 10), selon ce que nous enseigne l’apôtre Paul.
Et l’auteur de l’épître
aux Hébreux ne dit pas autre chose :
«Pour
nous qui avons cru, nous entrons dans le repos… Dieu
fixe un nouveau
jour-aujourd'hui-
en disant dans David si longtemps après, comme il est dit plus haut:
Aujourd'hui, si vous entendez sa voix, N'endurcissez pas vos coeurs.
Car, si Josué leur eût donné le repos, il ne parlerait pas après
cela d'un autre jour. Il y a donc un repos de sabbat réservé au
peuple de Dieu. Car
celui qui entre dans le repos de Dieu se repose de ses oeuvres, comme
Dieu s'est reposé des siennes.»
(Hébreux 4; 3, 7-10).
Nous
comprenons ainsi que le commandement concernant le sabbat
qui
semble étonnamment absent des évangiles y est en fait totalement
présent en filigrane au travers de l’oeuvre du Christ. Il
rejoint
ainsi toute
la pensée de Paul sur la cessation des œuvres (sabbat
signifie
littéralement «cessation»)
qui
sont heureusement remplacées par la grâce de Dieu devenant
agissante par l’Esprit dans
la vie de tous ceux qui croient à l’Oeuvre pleinement suffisante
accomplie par le Fils à la
Croix. Car l’Écriture nous déclare, que la pratique des rites
(même institués par
Dieu) n’a
«rien
amené à la perfection»
(Heb. 7; 19), alors
que la foi quotidienne en Christ, et la seule Offrande de sa chair à
la croix, «amène
à la perfection à perpétuité ceux qui sont sanctifiés par elle.»
(Heb. 10;14)
Nous
commençons alors à être extraits par la grâce de Dieu d’un
calendrier terrestre pour pénétrer par la foi dans des réalités
spirituelles éternelles qui, selon la prière que nous a appris le
Maître, viennent
alors s’établir
«sur
la terre comme au Ciel»
dans ce Jour éternel du
«Repos
de Dieu»
auquel nous sommes invités à participer dès ici bas. (Hébreux 4;
7)
Jean-Luc B
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